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Exigences jurassiennes

11 juin 2011, 04:15

Le Gouvernement jurassien ne veut pas d'un vote «alibi» sur la Question jurassienne. Il souhaite que des communes du Jura bernois, en particulier Moutier, puissent rejoindre seules le canton du Jura si elles le veulent. Un scénario que Berne rejette. L'exécutif jurassien a fait cette mise au point jeudi lors de la présentation du rapport annuel sur la reconstitution de l'unité du Jura. Il répondait ainsi indirectement au Conseil exécutif bernois qui annonçait fin mai qu'il préconisait une votation en 2013 dans le Jura bernois mais en excluant une solution communaliste.

Les ministres jurassiens ont évoqué le cas de la ville de Moutier qui connaît une majorité autonomiste favorable au rattachement avec le Jura depuis près de 25 ans. «C'est une particularité sur laquelle l'on ne peut pas fermer les yeux», a relevé le président du Gouvernement jurassien Philippe Receveur. Pour le ministre de l'Economie Michel Probst, la cité prévôtoise occupe une place particulière dans le problème jurassien. «En élisant une majorité autonomiste, la population de cette ville laisse entendre qu'elle n'est pas satisfaite de son appartenance cantonale», relève le rapport sur l'unité du Jura.

Une votation en 2013 reste possible

En soutenant l'organisation d'un vote, le Gouvernement estime qu'il prend le risque qu'une majorité des citoyens du Jura bernois rejettent la création d'un canton. «Nous estimons en corollaire que le Conseil exécutif ne peut refuser que certaines communes puissent décider de quitter le canton de Berne», estime la ministre Elisabeth Baume-Schneider. Pour les autorités jurassiennes, Berne devrait prévoir la possibilité d'une consultation en deux phases: d'abord à l'échelle régionale, et ensuite à l'échelle locale des communes qui en feront la demande. Berne exclut toute solution communaliste et préconise un vote en bloc dans le Jura bernois.

Une contradiction par rapport à la position bernoise d'il y a 40 ans que la ministre n'a pas manqué de souligner. Et Elisabeth Baume-Schneider de lire le message que le Grand Conseil bernois a adressé aux citoyens avant la votation cantonale de mars 1970 sur l'introduction d'additifs constitutionnels qui a conduit à la partition du Jura. «Un plébiscite organisé dans l'ensemble du Jura, sans possibilité de recours pour les régions qui seront majorisées, aurait probablement pour effet de soumettre certaines populations à la volonté d'autres populations», écrivait alors le Grand Conseil bernois.

Les négociations entre les deux gouvernements s'annoncent donc pour le moins serrées. Delémont n'a ainsi pas voulu dévoiler les aspects qui ne sont à ses yeux pas négociables. Il relève cependant, que la consultation n'a de sens que si elle permet de régler le conflit jurassien. Il se dit prêt à reconnaître les résultats d'un vote.

Dans le canton du Jura, l'organisation d'un scrutin consultatif est actuellement impossible, les bases légales faisant défaut. Les citoyens se prononceraient par le biais d'une modification de la constitution. Dans le canton de Berne, il faudrait procéder à une modification de la loi sur le statut particulier.

Le Gouvernement jurassien désire que la préparation des modalités d'un scrutin soit confiée à une délégation bipartite qui recevrait un mandat des deux exécutifs, sous l'égide de la Confédération. Il n'exclut pas une votation populaire en 2013 comme le préconise le Conseil exécutif bernois. ats

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