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Deux millions de pinsons du Nord en Ajoie

Il y a une dizaine de jours, le biologiste et enseignant Paul Monnerat a observé une extraordinaire migration de pinsons venus du Nord sur la région du village de Vendlincourt, dans le Jura.

07 janv. 2019, 18:42
Les pinsons du Nord migrent, rassemblés en nuées, pour faire bloc contre l'adversité.

Le biologiste et enseignant Paul Monnerat dirait qu’environ deux millions de pinsons du Nord se sont établis entre Vendlincourt, en Ajoie, et Courtavon, en France voisine, il y a de cela une dizaine de jours.

Pas de quoi écarquiller les yeux toutefois! Ces oiseaux – de la taille des passereaux, donc relativement petits et reconnaissables à leur cou orangé – ont fait mieux en 2002-2003 à Fontenais. Ils y étaient 10 à 15 millions, et 4 à 5 millions à Bassecourt en 2015. «Ce genre de spectacle est usuel en hiver, où cette espèce quitte l’Eurasie septentrionale pour n’y retourner vivre en couple et s’y reproduire qu’en mars.»

La région, appréciée pour ses faînes

En attendant, des spécimens ont choisi la région, généreuse en faînes, fruits des hêtres dont ils sont gourmands en cette saison. Alors qu’en été ils aiment se nourrir d’insectes chez eux. On les retrouve tous ensemble le soir dans leur dortoir ajoulot, autrement dit leur point de ralliement nocturne. «Ils s’y réunissent en fin de journée, après s’être dispersés dans les environs le matin, afin de se ravitailler ici et là.»

Et pour la petite histoire, c’est là, au pied des arbres sur lesquels les volatiles avaient passé leurs nuits et s’étaient délestés de leurs fientes typiques, que Paul Monnerat a eu la certitude d’avoir affaire à des pinsons du Nord. A ce stade, il signale en outre à ce sujet que «leurs déjections venues d’ailleurs enrichissent le sol en engrais naturel. Ce qui favorise la pousse de certains minuscules champignons, et même des changements de l’écosystème.»

Le matin, ils se dispersent pour s’envoler vers leurs aliments préférés, les faînes, fruits des hêtres. Photo SP-Paul Monnerat

En nuées, ils font bloc contre l’adversité

C’est un jour, vers 8h30, que Paul Monnerat a commencé par voir passer en dessus de sa maison, en Ajoie, d’immenses groupes de pinsons du Nord. «Ils se rejoignaient en flux constant pendant d’abord quinze à vingt minutes, puis, petit à petit, carrément durant une heure.» C’est par une évaluation visuelle, «à la louche», qu’il a pu donner une estimation des effectifs.

«Là, étant donné qu’il neige, peut-être partiront-ils vers des régions plus clémentes, où ils pourront aisément voir au sol les faînes qu’ils apprécient tant.» Pourquoi migrent-ils en gigantesques nuées? «Sans doute pour faire bloc contre l’adversité et les éventuels prédateurs et se sustenter les uns les autres plus facilement.»

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