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Comme la Russie, Saint-Imier a son Groupe des cinq

Cinq compositeurs du cru pour galvaniser le Festival du Jura, 20e du nom? En se plongeant dans le 19e siècle, Georges Zaugg, directeur artistique de la manifestation, a eu la main plutôt heureuse. De quoi réveiller Pierre Alin, Henri Gagnebin, Albert Béguelin, Paul Miche et Louis Broquet.

11 août 2009, 04:15

Lors de chaque édition de ce festival interjurassien de musique classique, Georges Zaugg, son créateur et infatigable directeur artistique, s'efforce de proposer au public un événement inédit. Cette année, il a eu l'idée de ressusciter cinq compositeurs jurassiens littéralement oubliés depuis quarante ans au moins. Comme il lui fallait un thème, l'homme, en guise de clin d'œil, il a songé au fameux Groupe des cinq. Allusion aux cinq Russes que sont Balakirev, Cui, Moussorgski, Rimski-Korsakov et Borodine.

Le Groupe des cinq Jurassiens était né, quand bien même il convient plutôt de parler de renaissance pour Pierre Alin (Saint-Imier), Henri Gagnebin (Renan), Albert Béguelin (Tramelan), Paul Miche (Courtelary) et Louis Broquet (Pleigne). Point d'ancrage? Ce 19e siècle qui a vu éclore tous ces talents oubliés. D'emblée, Georges Zaugg a été confronté à un gros problème: dénicher des partitions des intéressés qui ont surtout composé pour des chœurs.

Dans le cas d'Albert Béguelin, sa quête n'a pas été trop difficile, dans la mesure où c'est le CIP qui abrite le fonds Béguelin. Pour ce qui concerne Henri Gagnebin, le plus célèbre des cinq - il a dirigé le Conservatoire de Genève et fondé le célèbre Concours international d'exécution musicale de Genève -, Georges Zaugg a pu bénéficier des services du fils du musicien, François, aujourd'hui âgé de 87 ans, lequel lui a procuré des partitions intéressantes.

Pour retrouver des traces de Paul Miche, il a fallu se rendre à Soleure chez un particulier dont la caverne regorge de partitions. Mission accomplie! Ce qui nous mène à Louis Broquet, seul représentant du Jura nord: «Comme ce religieux a passé presque toute sa vie à l'Abbaye de Saint-Maurice, je me suis adressé au chanoine, explique Georges Zaugg. J'ai reçu de sa part tout ce dont j'avais besoin.»

Restait Pierre Alin. Un cas complexe que celui de ce compositeur, poète et peintre - l'affiche du concert consiste en l'une de ses œuvres - décédé à 41 ans dans un accident de train entre Venise et Milan. «A Mémoires d'ici, je n'ai trouvé que deux toiles et deux romans, dont l'excellent «Bob de Saint-Imier» et «Le journal de César», note le directeur.

La musique, dans tout ça? Notre homme s'est alors adressé à la fille de feu le poète Francis Bourquin, France-Line Gianoli, de Villeret, qui l'a envoyé chez l'écrivain Hugues Richard, un enfant du Plateau de Diesse en liaison avec des descendants de Pierre Alin aux Etats-Unis. Bingo! Grâce à ces expatriés, Georges Zaugg a reçu des partitions des Etats-Unis comme du Mexique.

Pour les interprètes, eu égard à la dimension interjurassienne de cet événement, Georges Zaugg s'est adressé à l'Ecole de musique du Jura bernois et à celle de Delémont, lesquelles ont délégué quelques talentueux professeurs. Soit Miriam Aellig-Cattin, soprano; Catherine Vay, violoncelle; Maurice Hertzog, piano; Droujelub Janakiev, violon, et Raphaël Gogniat, piano et orgue. Le répertoire choisi, les précités se sont mis au travail avec enthousiasme. «Le public pourra ainsi découvrir des œuvres qui n'ont plus été interprétées depuis 40 ans, conclut le directeur artistique. De quoi prouver que le pays jurassien possède des compositeurs de premier plan.»

Saint-Pétersbourg, Saint-Imier, Saint-Ursanne? Une sacrée (sainte) trinité. Vivement septembre! /PAB

Festival du Jura, compositeurs jurassiens - Le Groupe des cinq. Samedi 5 septembre, 20h, à l'Eglise catholique de Saint-Imier. Dimanche 6 septembre, 17h, à la Collégiale de Saint-Ursanne. Programme complet: www.festivaldujura.ch

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