Le monde à l'envers! Voilà que les Francs-Montagnards réclament une présence policière accrue. Le député du Cerneux-Lombard Edgar Sauser s'est en tout en cas exprimé en des termes à peine voilés allant dans ce sens mercredi dernier à la tribune du Parlement jurassien. L'élu PLR revenait sur un cambriolage aux Bois chez un privé. " L'homme a alerté à la police. Il a dû attendre 45 minutes avant l'arrivée d'une patrouille. Dans ces conditions, le voleur a eu tout le temps de prendre le large. "
Le ministre de la Police n'a pas cherché à fuir ses responsabilités. " Normalement, une patrouille met entre 10 et 15 minutes pour intervenir aux Franches-Montagnes. Maintenant, il se peut qu'elle soit occupée ailleurs. Alors, là, oui, l'intervention peut prendre plus de temps ", a commenté Charles Juillard.
Le même a rappelé qu'il y a quelques années, il y avait une patrouille en permanence dans le district. C'était à l'époque de l'application du "3x8". " Des élus locaux nous ont alors dit qu'il y avait trop de policiers. Décision avait été prise de restreindre leur présence. "
Réorganisation
Concrètement, au niveau des Franches-Montagnes, une patrouille est présente en permanence la journée, une le vendredi et le samedi soir. En semaine, en cas de grabuge, les gendarmes doivent quitter soit la vallée de Delémont ou l'Ajoie pour se pointer sur le Haut-Plateau. Corollaire on ne peut plus logique: le déplacement prend du temps.
Ainsi que l'a également souligné Charles Juillard, la police cantonale jurassienne est en pleine phase de réorganisation. Une police de proximité est évoquée. " Dans le cas précis des Franches-Montagnes, nous avons tenté une collaboration accrue avec la Police neuchâteloise et ses agents basés à La Chaux-de-Fonds. Mais nous ne sommes pas parvenus à la mettre en place. "
Le ministre a encore mis l'accent sur les priorités des forces de l'ordre: entre un accident, une agression et un cambriolage, il y a lieu d'effectuer des choix. Et tout dépend de quel côté de la barrière on se place, c'est forcément le mauvais!
Cambriolages aux Breuleux
Ironie du sort, la question orale du député Edgar Sauser a été débattue 24 heures avant qu'un nouvel exemple pratique se soit produit aux Breuleux. Dans la nuit de mercredi à jeudi de la semaine passée, vers 1h15 du matin, le kiosque du village a été victime d'un cambriolage. " Ils ont cassé la fenêtre. Des voisins ont entendu du bruit et alerté la police. Au mieux, les gendarmes étaient sur place à 2 heures. Je dis au mieux, car il devait être vers 2h30 quand les policiers sont venus à mon domicile. Les voleurs courent toujours. Ils ont même volé une voiture aux Breuleux qui a été retrouvée à Reconvilier ", dévoile le patron Marino Filippini.
Celui-ci a fait ses comptes: une quarantaine de cartouches de clopes envolées. " C'est la troisième fois que je suis victime d'un cambriolage en 18 ans. Je ne peux pas trop me plaindre. Le petit problème, c'est le deuxième en l'espace de trois mois. Et dire que j'avais posé une nouvelle porte la veille du casse... "
La nuit suivante, toujours aux Breuleux, des malfrats se sont introduits dans un appartement. On peut raisonnablement se dire que les voleurs sont au courant de la situation spécifique des Franches-Montagnes, avec ces forces de l'ordre qui mettent parfois une petite heure pour se rendre sur place. Pur hasard: les cambriolages connaissent une recrudescence dans le district...