Quinze ans. Un sacré bail, c'est le moins qu'on puisse écrire. Et un partenariat solide unissant le CIP de Tramelan et les organisateurs de Tramlabulle, lesquels ont dévoilé leur programme, hier, à la plus grande satisfaction de Didier Juillerat, directeur de l'établissement: «C'est un énorme plaisir pour nous d'accueillir ce festival dans nos murs, dans nos étoiles plutôt, s'est-il exclamé. Ces journées nous permettent de sortir de nos activités usuelles.» La manifestation est programmée du 21 au 25 septembre.
Quant à Aline Kessi, au front depuis l'aube des premiers jours, mais présidente du comité d'organisation pour la deuxième année consécutive, elle a tenu à rappeler quelques fondamentaux. A une époque où tout se paie généralement cash et cher, Tramlabulle tient à la gratuité. Façon de favoriser avant tout ces familles qui constituent la plus grande part du fidèle public.
Le vol des chauves-souris
«Ce festival a toujours sa raison d'être parce que ses fondamentaux demeurent», a-t-elle insisté. Gratuité mise à part, où se nichent-ils? «Eh bien, Tramlabulle consiste en un rendez-vous familial organisé dans un temple de la formation continue. Il favorise avant tout les échanges, l'interactivité, la proximité des auteurs pour les visiteurs et notamment les enfants. Le comité tient fermement à maintenir tout cela.
On l'aura compris, la célébration tramelote ne tient pas du temple de la consommation - même si le bar et le restaurant du CIP tournent à plein régime pour rassasier les pèlerins -, mais bien du lieu d'échange.
Cette 15e édition a été placée sous le thème de la chauve-souris, notamment parce que cette sympathique bestiole a droit, en 2011, à son Année européenne. Diverses conférences, concours de dessin et même excursions en forêt seront ainsi consacrés à ces mystérieux chiroptères, toujours victimes de préjugés imbéciles.
Pour cette raison, Al Coutelis, le dessinateur chargé de l'affiche 2011 du festival, a été prié par le comité d'imaginer un univers peuplé de pipistrelles, oreillards et autres roussettes. On ne parlera certes pas de vampires. Père spirituel de la fête, Pierre-Alain Kessi a fait l'éloge du long Coutelis, qui aura droit à plus qu'une nuit à Tramelan. Né en 1949 - «un grand cru» -, le visiteur peut s'enorgueillir d'une fulgurante carrière dans la BD et le dessin de presse, lui qui a notamment dessiné pour «Libération», «Le Monde», «Le Nouvel Observateur», «L'Equipe», et on en oublie. Lauréat du Grand Prix du dessin de presse en 1972, il s'est tourné vers la BD («Super Dupont», «Tanguy et Laverdure», mais aussi vers des uvres personnelles comme «Le Grec».
Ils seront 31 sur leur 31!
«Pour l'affiche, il a reçu un cahier des charges précis. Il a choisi de dessiner un Batman musicien - toujours la chauve-souris -, mais qui ne ressemblerait pas à ceux des films. Tramlabulle n'a certes pas envie d'avoir un procès avec les grands studios américains», a insisté le prudent Kessi.
S'agissant du programme, on s'en voudrait d'oublier que du mardi 20 au vendredi 23 septembre, diverses écoles de la région se sont inscrites à des ateliers de création de bande dessinée.
Pour ce qui a trait aux dessinateurs et auteurs, ils seront 31 cette année à franchir la porte du CIP. Un record qui réjouit la présidente Aline Kessi. Parmi eux, plusieurs régionaux comme le Jurassien Embé et Crigou, qui tiendra à prouver que Péry n'est pas au bout de tout. A noter aussi le virevoltant Denys Mathey, le plus Tramelot de la bande, le pieux Auderset et le canin Cavé. Côté Suisse, Boller présentera «Le retour de Guillaume Tell» pendant que Pal Degome caricaturera chaque Theurotte présent. Quant à Vincent l'Epée, il suffira de lui parler de l'UDC ou des chasseurs pour qu'il prenne les couleurs de la possédée de «L'exorciste».
Bien évidemment, c'est avec une délectation non feinte qu'Aline Kessi a mentionné la présence du trio magique belge. Allusion à Bédu, Cauvin et Kox. Dans cette fratrie, on découvrira aussi Dan, les flamboyants et baroques frères Hoyas, les quintessenciés Raives et Warnauts.