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Rassembler les braises libertaires

22 juin 2011, 09:53

Les courants libertaires ont évolué de diverses manières, mais le temps n'a en rien diminué l'oppression des puissants vis-à-vis des plus faibles et des largués. Un vent de protestation contre les inégalités, le chômage et la pauvreté souffle diablement en Europe et dans les pays autoritaires.

C'est sur ce constat qu'au berceau du socialisme libertaire, la Fédération libertaire des Montagnes Bejune et Espace noir organiseront une rencontre internationale des anarchistes à Saint-Imier, du 9 au 12 août 2012, à l'image de la première internationale anti-autoritaire de 1872, en réponse à celle de Marx. Cette commémoration se fera 140 ans après, avec la participation de la Fédération anarchiste du Jura et de Franche-Comté, ainsi que la Confédération nationale des travailleurs (CNT), composée d'anarco-syndicalistes français.

Raviver l'acte fondateur du socialisme libertaire

Suite à plusieurs rencontres avec ces derniers, il a été décidé de rassembler les braises de la lutte anarco-libertaire qui avaient embrasé les travailleurs ayant participé au Congrès international de Saint-Imier de 1872. Evénement que beaucoup d'historiens considèrent justement comme l'acte fondateur du socialisme libertaire. Il s'agit donc, en premier lieu, de commémorer cet acte, de réactualiser en quelque sorte l'esprit de Bakounine, avec les anars de tous poils, des socialo-libertaires aux anarco-syndicalistes, des éco-anarchistes aux anarco-féministes. «Il existe une galaxie de tendances qui, parfois, sont divisées, mais à mon avis, la caractéristique de l'anarchisme, reste le pluralisme de ses mouvements», explique Michel Némitz, cheville ouvrière de la Fédération libertaire des Montagnes et idéologue de la Coopérative autogérée et centre culturel d'Espace noir à Saint-Imier.

Dans le vallon de Saint-Imier, il y a donc un véritable patrimoine de savoir industriel et de lutte ouvrière. Ce n'est plus à démontrer. Il a été l'objet d'un événement culturel d'un mois et demi à Saint-Imier, intitulé Printemps 2008.

Recréer une dynamique

Michel Némitz rappelle que cinq ans après la fondation de l'Association internationale des travailleurs (AIT), en 1869, Bakounine débarque dans la région et rencontre les sections de l'AIT, il trouve une adhésion totale à un marxisme hégémonique et autoritaire. Au Congrès de La Haye en 1872, Marx excommunie Bakounine et James Guillaume. Adhémar Schwitgebel, de Reconvilier, s'en sort tout juste. Les sections anti-autoritaires de l'AIT, celles d'Espagne, d'Italie, de France, de Belgique et des Etats-Unis, organisent un contre-congrès la même année à Saint-Imier. Des résolutions clairement libertaires y seront prises.

«L'anarchie n'est pas un chaos, elle implique l'autogestion et la participation de tous, y compris au sein des entreprises, des communes et des pays. Si des expériences ont disparu, c'est pour des raisons militaires ou de répression. Par exemple à Barcelone, les anarchistes se sont fait tirer dessus par des communistes et des franquistes. Il ne faut pas oublier qu'en Espagne de grandes entreprises ont été autogérées, et qu'en Aragon, des communes agraires furent également autogérées», ajoute Michel Nemitz qui ne veut pas refaire toute l'histoire de l'anarchie.

Il évoque simplement qu'elle ne reste pas confinée dans l'utopie. «Pourquoi les utopies d'hier ne seraient pas la réalité de demain», dit-il. «Elles ne seront pas forcément à l'image de ce qui est imaginé, mais les anars forment un rempart contre le risque de glissement dans le totalitarisme», dit-il encore en précisant que contre le fatalisme qui caractérise la société contemporaine, refaire une grande rencontre internationale de l'anarchisme à grande échelle, toutes tendances confondues, devrait pouvoir redonner prise à l'utopie et recréer une dynamique.

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