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Profs en lutte pour les salaires

Sur toute une carrière, les profs de la partie romande du canton gagnent moins que leurs collègues neuchâtelois et jurassiens. La différence est forte entre 30 et 50 ans. Ils demandent de revoir la progression salariale pour avoir une meilleure répartition.

07 juil. 2009, 10:31

Contrairement à une idée reçue, les profs romands du canton de Berne ne sont pas les mieux payés dans l'espace Bejune. Loin s'en faut. C'est ce qu'ont rappelé hier les responsables du Syndicat des enseignants du Jura bernois (SEJB) face aux médias. En effet, a affirmé son coprésident Peter Gasser, «si c'était effectivement le cas au tout début des années 1990, les choses ont bien changé depuis». En additionnant toutes les mesures d'économies que le canton a prises sur le dos des enseignants, le salaire des profs a été rogné d'environ 22%, a-t-il asséné.

Et pour prouver que c'est bien la réalité, il a présenté l'étude comparative réalisée pour les différentes catégories d'enseignants de l'espace Bejune (lire ci-contre). «Ce document ne propose pas de solution toute faite, mais est destiné à préparer la réflexion en vue de la modification nécessaire du système de rémunération», a souligné Peter Gasser. Car si les enseignants des trois cantons ont la même formation et font le même travail, il n'y a pas de raison qu'il y ait de telles disparités salariales.

Cette étude fait suite à la résolution adoptée en mars dernier par les enseignants francophones du canton. Ils réclamaient un changement législatif afin de garantir une progression salariale comme c'est le cas dans les deux cantons voisins - et dans tous les cantons romands. Car depuis l'entrée en vigueur de la loi sur le statut du personnel enseignant (LSE), en 2006, il n'existe plus de droit à la progression du traitement. Le Conseil exécutif fixe chaque année la part de la masse salariale affectée à la progression des salaires en fonction des moyens que lui accorde le Grand Conseil. En outre, la loi fixe à 77 le nombre d'échelons dans la progression salariale possible, chaque échelon correspondant à une hausse de 0,75 pour cent. Sur une carrière de 40 ans, la progression possible est de deux échelons par année.

C'est cette base que le SEJB a prise pour établir sa comparaison avec les deux cantons voisins. «Mais attention», a martelé Peter Gasser, «il s'agit là d'une progression théorique possible, alors qu'à Neuchâtel et dans le Jura, il s'agit de progressions réelles, puisque garanties par la loi.» Et pour illustrer son propos, il a constaté que depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, en 2006, les enseignants ont reçu deux échelons les deux premières années, mais rien pour 2009, alors que le canton a bouclé ses comptes sur un exercice record.

En fait, a relevé Peter Gasser, la seule catégorie d'enseignants à s'en sortir correctement est celle des maîtresses d'école enfantine. Mais pour cela, il aura fallu qu'un arrêt du Tribunal fédéral oblige le canton à revoir la classe de traitement de ces dernières... Sinon, en cumulant le salaire de toute une carrière, les profs bernois arrivent partout bons derniers. Et de souligner que c'est surtout dans la tranche d'âge entre 30 et 50 ans, «c'est-à-dire la période où les gens fondent une famille et où les besoins financiers sont les plus importants», que les écarts sont les plus élevés.

Il y a une dizaine de jours, une délégation du SEJB a rencontré des responsables de la Direction de l'instruction publique pour les sensibiliser à cet état de fait. Et à la rentrée d'août, le SEJB va rencontrer la Députation pour qu'elle se rende compte que cette disparité conduit à une impasse. La situation est d'autant plus sérieuse que l'école bernoise va au-devant d'une grave pénurie d'enseignants à l'horizon 2016-2018, avec le départ à la retraite d'un grand nombre de profs à tous les niveaux. «Nous ne demandons pas plus, mais une répartition différente de la progression salariale.» /POU

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