Chantal Bornoz Flück (55 ans) s'est assise dans le fauteuil présidentiel du Grand Conseil à 14h12. Ces derniers mois, en tant que vice-présidente du législatif, elle s'était certes déjà familiarisée avec la fonction. Mais depuis l'élection d'hier (lire encadré), la députée socialiste de La Heutte a officiellement pris les commandes du navire. «Permettez-moi de commencer tout doucement, car vous m'avez demandé de ne pas parler trop rapidement», a-t-elle lancé à ses collègues germanophones. Comme elle l'avait déjà annoncé, les débats seront présidés en français durant cette année.
La première citoyenne du canton a passé une nuit plutôt agitée: «Et ce matin, j'étais comme un gamin qui se rend à sa première course d'école». Emue, la nouvelle présidente disait avoir, en cette journée d'élection, une pensée particulière pour sa mère, décédée il y a un peu plus de deux ans. Après avoir dirigé les discussions au Grand Conseil durant près d'une heure, Chantal Bornoz Flück et son cortège sont partis du Rathaus pour se rendre à la gare de Berne où un train spécial les attendait. Question tenue, la présidente a pu compter sur les conseils de ses proches. «J'ai marié ma fille le 9 mai et tout le monde m'a dit que j'étais bien habillée. Alors, j'ai décidé de remettre cette tenue aujourd'hui. Pour le chapeau, qui fait un peu reine-mère, j'ai hésité. Plus sérieusement, je pense que ce poste représentatif mérite un effort vestimentaire.»
Le train «Grand Conseil» s'est arrêté à Bienne, commune où Chantal Bornoz Flück est née et a passé la moitié de sa vie, soit 27 ans et demi. Mais la véritable fête se tenait à La Heutte, domicile de la présidente qui en a été maire durant 11 ans. C'est une Jaguar de 1959 qui a eu l'honneur d'accueillir la présidente et son mari. A deux pas de la gare de La Heutte, la population locale et la Garde d'honneur attendaient Chantal Bornoz Flück. Côté musique, la Concordia de Bienne et le chur mixte Péry-Sonceboz ont interprété respectivement la Marche de Berne et la Terre jurassienne. «C'est moi qui ai choisi cette chanson, qui fait mention du Vallon de Saint-Imier. Il fallait aussi évoquer le Jura bernois.»
En début de soirée, les invités se sont retrouvés sur les hauteurs du village pour écouter les discours et prendre le repas. Fortement sollicitée par les médias, la présidente se réjouissait de souffler un peu. «J'ai vraiment bien vécu cette journée. Mais en arrivant sur la place du village et en voyant tous ces gens, dont mon papa âgé de 91 ans et ma sur venue du Valais, j'ai craqué. Ça m'a vraiment remué.» /MBA