Parmi la quarantaine de personnes présentes hier à Mont-Soleil pour y visiter les centrales solaire et éoliennes, une poignée étaient des vieux de la vieille arborant des badges aux couleurs ternies. Ils remontent à la catastrophe de Tchernobyl, soit une époque où les rassemblements antinucléaires ne suivaient pas les visites organisées sous le haut patronage des Forces motrices bernoises.
C'est pourtant bel et bien Pierre Berger, guide attitré des centrales solaire et éolienne de Mont-Soleil - Mont-Crosin, qui reçut aimablement le groupe dans l'antre du producteur d'énergie qui militait il y a quelques semaines encore en faveur de Mühleberg II.
Les temps changent
Les temps changent vite et l'ambiance sur Mont-Soleil était bon enfant, voire singulièrement calme. On était venu de tout l'ancien canton de Berne et même d'autres cantons pour se renseigner bien plus que pour manifester. Il faut dire qu'un peu plus d'un mois après le déclenchement de la crise de Fukushima, l'annonce du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a fait l'effet d'une bombe. Le ministre de l'Economie assure que la construction de nouvelles centrales nucléaires n'est plus envisageable et que la Suisse va sortir du nucléaire dans une vingtaine d'années.
Montée en puissance
Surpris mais fort satisfaits, les anti-nucléaire sentent que l'opportunité est bonne de faire avancer leur cause. Présent sur les lieux afin d'accueillir ce groupe d'Alémaniques en terre romande, le député au Grand Conseil de Corgémont, Pierre Amstutz, croit en un mix énergétique où le solaire compterait pour au moins 20%. La part des éoliennes restera bien plus faible, certes, mais la montée en puissance des énergies tirées de la biomasse et de la géothermie permettra de compléter l'hydroélectricité. «Il faudra bien entendu suivre également le chemin des économies d'énergie. Mais le potentiel d'économie est énorme», assure le député des Verts. «Sachant que 45% de l'énergie consommée en Suisse l'est en relation avec les bâtiments, le simple fait d'isoler enfin les immeubles mal adaptés est riche d'espoirs.»