L’orage ayant traversé la Suisse du sud-ouest au nord-est a sévi sur un «très long trajet», explique Olivier Duding, météorologue à MétéoSuisse. «Il a pris naissance près de Valence, puis est passé sur le lac d’Annecy, dans le Chablais, à Planfayon, a longé les Préalpes, puis a arrosé l’Emmental. Notre station d’Egolzwil, dans le canton de Lucerne, a mesuré des rafales de 135 km/h, ce qui se produit tous les 10 à 25 ans en moyenne.»

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De fortes pluies se sont donc abattues sur de grandes parties de la Suisse romande également. Entre Egolzwil et la ville de Zurich, sur le coup de 1 h 30 du matin, l’orage s’est renforcé, avant de poursuivre sa route vers le nord-ouest, le lac de Constance et le canton de Schaffhouse, où il s’est affaibli.

«Lundi, les températures étaient plus élevées en Suisse alémanique, explique Olivier Duding. Il est possible que cet air chaud, qui sert de carburant aux orages, ait aussi contribué à la force des rafales.»

Il est possible que cet air chaud, qui sert de carburant aux orages, ait aussi contribué à la force des rafales.

Olivier Duding, météorologue à MétéoSuisse

La quantité d’eau tombée a également été exceptionnelle: «La mesure de 31 mm en dix minutes à la station de Waldegg, au-dessus de Zurich, ne se produit en moyenne que tous les 30 à 50 ans.»

Les personnes qui, à l’ouest et au nord de Zurich surtout, ont eu l’impression d’une tornade au-dessus de leurs têtes n’avaient pas totalement tort: «Avec ses rafales convectives et ses vents en ligne, cet orage avait la structure nécessaire à la formation d’une tornade, mais, à notre connaissance, cela ne s’est pas produit», souligne Olivier Duding. Le résultat n’en est pas moins dévastateur: des rangées entières d’arbres, chargées de feuilles, ont été déracinées. Les services de secours ont enregistré mille appels en une heure. Les transports publics ont été interrompus une partie de la journée.

Retour des pluies jeudi par l’est

D’autres lignes n’ont pu rouvrir qu’après le nettoyage d’arbres et de branches jonchant les voies, entre Saignelégier et Glovelier notamment et dans les cantons d’Obwald, de Nidwald, de Berne ou encore d’Uri. A l’aérodrome de Locarno, un petit avion stationné a été retourné par le vent. Le Tessin a subi en certains endroits entre 150 à 200 mm de pluie entre lundi et hier soir.

Les pluies reviendront jeudi par l’est, selon le même système dépressionnaire.

Olivier Duding, météorologue à MétéoSuisse

Après une accalmie aujourd’hui, la situation pourrait encore s’aggraver au bord des cours d’eau et des lacs en cette fin de semaine. «Les pluies reviendront jeudi par l’est, selon le même système dépressionnaire», précise Olivier Duding. Or, presque partout en Suisse, des terrains déjà saturés d’eau ne peuvent plus absorber de nouvelles pluies. Des glissements de terrain sont possibles.

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L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a adapté son Bulletin de vigilance sur les dangers naturels (hydrodaten.admin.ch/fr/) hier en fin d’après-midi. Le lac des Quatre-Cantons présente désormais un danger de crues très fort (degré 5, sur 5), soit correspondant «environ à des débits survenant au maximum une fois en 100 ans.» Le degré 4 (débits survenant une fois en 30 à 100 ans) s’applique aux lacs de Bienne, de Thoune, de Zurich, à la Reuss et au Haut Rhin. Le Léman, la Limmat et une partie de l’Aar sont sous alerte de degré 3.

Lacs au niveau 5

Plusieurs campings zurichois ont décidé de fermer, indiquait le Tages-Anzeiger hier. La navigation a déjà été interrompue sur le Rhin et sur le lac des Quatre-Cantons. L’OFEV prévoit que les précipitations à venir «entraîneront d’autres hausses de niveau dans les lacs et les cours d’eau» et que «les lacs afficheront leurs niveaux maximaux seulement en fin de semaine.» Ceux de Thoune, de Brienz et de Zurich pourraient passer en niveau 5.

Le niveau du lac de Bienne frôle le seuil de crue

Ce mercredi 14 juillet, le niveau du lac de Bienne a atteint un niveau inquiétant, à la suite des fortes averses de ces derniers jours. La navigation y est désormais interdite depuis ce matin 7h, ainsi qu’à l’embouchure du lac de Neuchâtel.