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Le lombric, un ver de terre pas particulièrement sexy

11 janv. 2011, 11:30

Désigné animal de l'année par Pro Natura, le lombric n'est pas particulièrement sexy. Son choix comme ambassadeur des idées que la société de protection de la nature souhaite promouvoir durant l'année 2011 ressemble à un pari fou. Pourtant, racontée par Alain Ducommun, responsable scientifique de Pro Natura Jura bernois, l'histoire du ver de terre est passionnante.

On l'appelle lumbricus terrestris et ses cousins représentent plusieurs dizaines d'espèces, mais en ce qui concerne le choix de Pro Natura d'en faire l'animal de l'année, cela n'a aucune importance. C'est le vers de terre dans sa complète banalité qui a focalisé l'attention des scientifiques. Ceux qui se passionnent pour la systématique des espèces ne s'offusqueront sans doute pas de l'amalgame qui a été fait entre toutes les espèces vermiformes qui grouillent dans les sols meubles et riches et qui inlassablement contribuent à leur régénération. En fait, si Pro Natura désigne le lombric comme espèce témoin, c'est parce que le sol de notre pays comme de toutes les nations industrialisées subit tassement et pollution lorsqu'il est voué à l'agriculture mais surtout parce qu'il est bétonné et goudronné à une cadence démentielle.

Pro Natura a calculé que cet engloutissement des sols par l'urbanisation se fait à raison d'un mètre carré par seconde dans notre pays. C'est énorme et comme aucun signe de ralentissement n'est à prévoir, Pro Natura propose, presque timidement, de bien vouloir chercher des solutions.

Alain Ducommun, est bien conscient que le lombric n'est pas un animal chargé d'émotion, le grand public s'en lassera probablement plus vite que de l'ours, animal de l'année 2009 ou même que de l'abeille sauvage, représentante de la faune en 2010.

Mais malgré l'indifférence, voire le dégoût qu'il inspire, le lombric n'est pas dépourvu d'arguments. «On peut presque toujours en trouver près de chez soi, que ce soit dans son jardin, un espace vert de la ville ou dans les champs.» L'objectif de Pro Natura est que les enseignants prennent la chose à cœur et consacrent l'une ou l'autre leçon au lombric. «C'est un animal qui pourra être élevé en classe. Par des expériences simples les enseignants pourront démontrer son rôle dans l'aération des sols et la transformation des matières organiques en humus propre et fertile à raison de 100 tonnes par hectare et par an», note encore Alain Ducommun.

Lorsque l'ours était animal de l'année (en 2009) sa valeur symbolique était énorme, mais expliquer devant une classe que deux ours bruns se sont baladés quelques jours en Engadine manquait en revanche d'éléments concrets. D'où l'intérêt d'alterner les espèces nobles avec d'autres, plus discrètes mais tout autant représentatives des problèmes de notre temps. D'ailleurs, si l'ours est revenu (ponctuellement) en Suisse, c'est par ses propres moyens. Le lombric en revanche est réintroduit ici où là sur des sols tellement maltraités qu'il y avait vu fondre ses populations. En effet, l'agriculture moderne, avec ses machines lourdes et ses labours, appauvrit les sols et les rend toujours moins perméables car il se forme ce que l'on appelle une semelle de labours, un bouclier durci sous la surface trop régulièrement labourée.

Percer cette semelle étanche est l'un des rôles dévolus à notre brave lombric. Pour autant qu'on lui en laisse le temps et les moyens. /bdr

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