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Escrocs ou bonne foi?

Deux Genevois comparaissent depuis lundi devant le Tribunal régional, à Moutier, dans une importante affaire d'escroquerie concernant la vente de machines à épiler à 49 esthéticiennes. Mais le véritable et seul escroc pourrait être un troisième homme déjà jugé.

31 mars 2011, 10:10

Au total, elles sont 49 esthéticiennes, en Suisse romande et au Tessin, à avoir acheté un appareil miracle censé éradiquer les poils de manière définitive. Parmi elles, deux travaillent dans le Jura bernois, une à Bienne et une à Delémont. Cette machine, elles l'ont achetée entre 15 000 et 40 000 fr. Des sommes très importantes pour un engin dont le coût de fabrication a été calculé à… 1400 fr. Et cet appareil laser n'a de laser quasi que le nom (en fait il contient uniquement de simples diodes électroluminescentes). Son efficacité a donc été sérieusement mise en doute, tout comme l'efficacité des sondes supplémentaires et des huiles essentielles vendues en sus. Mais au total, 1782 clientes des 49 esthéticiennes - qui n'étaient alors pas au courant - ont conclu un contrat de soins.

Ces appareils, les esthéticiennes les ont achetés à M. Paul*, un Genevois de 44 ans. Ce dernier comparaît devant le Tribunal régional depuis lundi pour escroquerie par métier. Pourquoi l'affaire est-elle jugée à Moutier? Parce que l'enquête a commencé dans la région, résumerons-nous.

Hier, dans son réquisitoire, le représentant du Ministère public a relevé que la machine représentait bel et bien une tromperie. Mais Pascal Flotron est remonté au sommet de la hiérarchie. Car ces machines étaient conçues par un Français, M. Bernard*, qui les vendaient ensuite à un diffuseur par pays (dont M. Paul pour la Suisse). M. Bernard a déjà été jugé et condamné - il a fait recours - en France. Dès lors, selon Pascal Flotron, les questions à se poser sont: M. Paul savait-il que le matériel n'était pas sérieux lorsqu'il s'est lancé dans la vente, ou aurait-il dû s'en douter? Et, apparemment, M. Paul faisait une confiance aveugle à M. Bernard et croyait en ces appareils. «J'admets, dans le doute, que M. Paul n'a pas mis en place lui-même les machinations», a conclu Pascal Flotron. Du coup, exit la prévention d'escroquerie par métier.

Suite au réquisitoire du procureur, le défenseur de M. Paul, s'est dit «décontenancé». Car c'est le grand écart entre ce qui est reproché à son client dans l'ordonnance de renvoi (escroquerie par métier) et la proposition du procureur (acquittement). L'avocat s'en est ensuite pris ouvertement et à plusieurs reprises au juge qui a instruit l'affaire, Pascal Fischer. «Vous êtes les otages de cette procédure mal instruite», a-t-il notamment dit au tribunal.

Finalement, l'avocat a évidemment plaidé l'acquittement de M. Paul. «Mais cela ne doit pas être dans le doute», a-t-il précisé. Il assure que son client a vendu ces machines en toute bonne foi.

S'agissant du deuxième prévenu, M. Michel* (50 ans), il lui est reproché d'avoir utilisé de manière illégale des primes d'assurance garantie en rapport avec l'achat et l'utilisation de l'appareil. Dans son réquisitoire, Pascal Flotron a proposé de le libérer de la prévention d'escroquerie par métier, mais de conserver la prévention d'abus de confiance. Il a demandé 180 jours-amende avec sursis pendant deux ans.

Les défenseurs de M. Michel, ont plaidé l'acquittement total pour leur client. Selon eux, il n'a jamais eu l'intention ni de s'approprier l'argent des primes, ni de s'enrichir illégitimement. Et puis, toujours selon les avocats, l'acte d'accusation ne permet pas de définir qui sont précisément les lésés de cet éventuel abus de confiance.

Quelle est, finalement, la responsabilité de M. Paul et de M. Michel dans cette affaire? Le tribunal présidé par Gabriel Zürcher rendra son jugement demain. /MBA

 

* Noms d'emprunt

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