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Défis de taille pour le courant vert

09 juin 2011, 10:05

Alors que le Conseil national confirmait hier la volonté du Conseil fédéral de sortir du nucléaire, la Société Mont-Soleil a présenté hier aux médias un prototype révolutionnaire de stockage d'énergie sur le site de la centrale solaire (lire ci-contre). Comme l'a souligné son président Martin Pfisterer, c'est bien beau de claironner que le photovoltaïque doit contribuer à la sécurité d'approvisionnement en électricité d'ici à 2050, «mais porter la part du solaire de 0,1% comme aujourd'hui à 20% ou plus n'est pas une mince affaire».

Or, la sécurité d'approvisionnement est essentielle, a-t-il rappelé. Pour l'économie, bien sûr, mais aussi pour les consommateurs qui supportent très mal les coupures de courant. «Lors de la tempête Lothar, en 2000, nous avons fait l'objet de vives critiques du fait de quelques pannes», a-t-il rappelé.

Pour compenser la production nucléaire, Swissolar (Association suisse des professionnels de l'énergie solaire) veut accroître la capacité de production du photovoltaïque de 100 MW à 12 GW. Si c'est réaliste du point de vue des surfaces disponibles, ça l'est beaucoup moins sur le plan technique. La production d'électricité photovoltaïque est par exemple bien plus importante en été qu'en hiver, alors que c'est l'inverse en termes de consommation. «La compensation été/hiver constitue donc un énorme défi pour la production de courant solaire à grande échelle», a constaté Rudolf Minder, responsable Recherche de la Société Mont-Soleil.

Grosses variations

Qui plus est, il ne suffit pas de multiplier les surfaces de panneaux solaires pour résoudre le problème. De par la nature aléatoire de la production photovoltaïque, l'intégration de l'énergie produite dans les réseaux d'approvisionnement pose de grosses difficultés. A titre d'exemple, Rudolf Minder a relevé que «lorsqu'il y a des nuages, le rendement des installations peut varier d'un facteur cinq ou plus en quelques secondes. Ces variations brusques représentent une lourde charge pour le réseau.»

Stockage intermédiaire

Dans ce contexte, pour pouvoir assurer un approvisionnement en courant solaire régulier malgré des capacités de production très variables, «il faut disposer d'un système de stockage intermédiaire pour compenser les fluctuations de puissance», a expliqué Jakob Vollenweider, directeur de la Société Mont-Soleil. Pour égaliser des fluctuations de quelques heures à quelques jours, cela pourrait se faire avec des batteries classiques, ou avec le système de stockage hydropneumatique.

Quant au stockage saisonnier d'énergie photovoltaïque excédentaire, les centrales de pompage-turbinage (donc les grands barrages d'accumulation) constituent la seule solution viable, a affirmé Rudolf Minder. «Les défenseurs de l'énergie solaire doivent donc accepter la construction de nouvelles lignes électriques pour transporter ce courant, et de nouvelles centrales à accumulation.»

L'intégration d'un grand nombre d'installations photovoltaïques au réseau d'électricité constitue en outre un défi majeur, a-t-il poursuivi. Jusqu'à présent, les politiques se sont contentés d'aborder la problématique sur le plan théorique, en sous-estimant totalement les problèmes qui en découlent. Pour Martin Pfisterer, il faudra de gros efforts en matière de recherche et de développement, d'intégration au réseau et de stockage d'énergie pour que le photovoltaïque contribue notablement à la sécurité d'approvisionnement d'ici à 2050.

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