Le château d'Erguël a eu ses assiduités réelles et imaginaires dont celle d'Antoine Biétrix, qui avait construit une maquette du site à partir de ses propres fouilles et de documents de son époque, dans les années 1880. Un petit bijou du genre, tout comme l'exposition du Musée de Saint-Imier qui lui est consacrée.
Au seuil d'une nouvelle année, il est bon de se retourner sur le passé sans trop s'y attarder. Il y en a qui, comme Louis Aragon, ont déclaré: «J'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir». L'invention du passé: l'exposition actuelle au Musée de Saint-Imier sur Antoine Biétrix, historien et archéologue amateur du Jura bernois de la deuxième moitié du 19e siècle, montre comment les vides de l'Histoire sont comblés par l'imaginaire. Le château d'Erguël en est un bel exemple et les maquettes, construites par Biétrix, semblent trop géniales pour être vraies. L'exposition est visible jusqu'à fin mai.
D'entrée d'expo, on découvre qu'Antoine Biétrix fut un grand spécialiste des châteaux du Jura. On ne connaissait pas grand-chose de l'histoire du château d'Erguël à Sonvilier, sinon qu'il est situé sur l'une de ces nombreuses possessions du roi de Bourgogne Rodolphe III laissées à l'évêché de Bâle en 999. Dans son architecture actuelle, le château remonterait au 13e siècle. «C'est bien en 1264 que le chevalier Otton d'Arguel remet sa charge d'avoué à l'évêque de Bâle Henri de Neuchâtel, avec une partie du château et les biens qu'il possédait dans la vallée de Saint-Imier en échange du quart des dîmes de Rödesdorf en Alsace. Vingt ans après, l'évêque Henri d'Isny ordonnait les travaux de restaurations et de fortifications», confirme le site de Mémoire d'ici. Chargé de fouiller les ruines du château, l'architecte Antoine Biétrix réalise en plus deux maquettes étonnantes. L'une se trouve au Musée de Sonvilier, l'autre à Saint-Imier. Elle trône au centre de l'exposition actuelle qui en profite pour présenter une réflexion sur la construction de l'Histoire, à travers une foule de documents et d'uvres de peintres et d'intellectuels d'époque. On apprend que pour faire l'histoire d'un site comme le château d'Erguël et sa région, les scientifiques disposent des fouilles archéologiques et des archives. Et que le reste n'est que littérature d'une richesse incroyable.
Une exposition essentielle et raisonnée sur notre histoire. /yad
Exposition «Fouiller le passé, inventer l'histoire», au Musée de Saint-Imier, jusqu'au 29 mai 2011, jeudi de 14h à 17h; di, de 10 à 12h et de 14h à 17h