Il a pas bien dormi, le Jules. Toute la nuit, le bon Chaux-de-Fonnier qui payait toujours ses impôts, s'est retourné dans les sales draps de la loi sur le chômage. Ce matin, il est bien sûr dans sa cave-atelier, ultime refuge, accessoirement antiatomique, contre les coups du sort. Il ponce frénétiquement sa énième étagère à pots-de-vin (faudra bientôt les kiter comme à Ikea). Jules a des envies de Mörgeli, c'est comme ça qu'il dit maintenant, jetant dans le même sac tous les Christoph de ce pays de röstis même pas assez rôtis.
S'il a bien compris, Jules va voir fondre ses indemnités. Déjà qu'il a eu toutes les peines du monde de faire admettre qu'il avait vraiment perdu son million huit gagné à la loterie. A la fin de l'année, il aura grillé ses 400 jours et pourra se siffler le rab de 120 offerts aux cantons dans la mouise. Pire, le Chaux-de-Fonnier risque bien de voir redébarquer à la maison le fiston. A 32 ans, celui-ci s'est mis en tête de devenir artiste en dessinant les rhinocéros et les tapirs au zoo de Bâle. Sûr que son délai de carence va exploser. Faudra encore retaper les Sociaux.
Bon, il reste toujours à Jules sa femme. Trudi lui a pardonné d'avoir demandé au génie de la lampe à huile trouvée à côté du brou de noix de la rendre aussi parfaite qu'Eva Longoria. Et le v½u d'un nouveau Conseil d'Etat alors? Il a encore rien fait ce génie, à part accoucher d'un Erard et d'une Kurth, s'énerve le Jules. Ben tiens, la lampe à huile, je vais l'offrir au Musée d'histoire, maintenant qu'il a gagné. Ah, ça au moins, c'est une toute bonne idée!