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Hommage à une grande dame, Catherine Rübner-Breszlauer

Rescapée des camps de concentration, Hongroise d’origine et installée dans le Jura bernois, Catherine Rübner-Breszlauer est décédée la semaine dernière. L’historien Marc Perrenoud lui rend hommage.

21 avr. 2020, 11:00
Catherine Rübner-Breszlauer a publié ses mémoires et celles de son mari Kurt aux Editions Alphil.

Malgré la crise actuelle, la mort de Catherine Rübner-Breszlauer nécessite de garder en mémoire son parcours admirable. Née en 1932 à Budapest dans une famille juive, elle est confrontée à des attitudes antisémites à l’école. Néanmoins, elle grandit dans une vie familiale sans problème majeur.

En 1944, l’invasion allemande bouleverse et aggrave la situation de la population juive de Hongrie. Les mesures pour discriminer, exproprier, enfermer et déporter se multiplient avec une rapidité effrayante et une efficacité redoutable.

Déportée à Bergen-Belsen

Avec ses parents et sa sœur, elle est déportée dans le camp de Bergen-Belsen où cette dernière décédera à 17 ans, victime d’une épidémie. Réfugiée en Suisse avec ses parents, Catherine fait partie de cette diaspora juive qui tente de se reconstruire après la Shoah, tandis que les autorités les incitent à repartir.

Elle poursuit sa formation scolaire et universitaire, mais elle n’est pas autorisée à étudier la médecine. En 1951, elle épouse Kurt Rübner, né en Pologne en 1926, dont seule une petite partie de la famille a survécu en fuyant devant les troupes allemandes pour vivre un long exode en Ukraine, en Sibérie, en Asie centrale, puis en Italie.

Leurs parcours périlleux, loin d’être rectilignes et prévisibles, témoignent des drames et des espoirs du 20e siècle. Le jeune couple fonde une famille. Tandis que Kurt travaille dans l’industrie, son épouse, ayant étudié les mathématiques et la physique, devient enseignante, puis psychanalyste.

Mémoires publiées

En 1999, ils commencent la rédaction de leurs mémoires. D’abord destiné au cercle familial et amical, ce double récit, poignant et impressionnant, suscite un tel intérêt que Catherine, veuve de Kurt depuis 2005, se laisse convaincre de le publier aux Editions Alphil en 2011.

Intitulé «Nos chemins vers la liberté», cet ouvrage, rapidement épuisé, a connu une nouvelle édition en 2018. La belle énergie et la profonde humanité de Catherine Rübner se retrouvent dans ses mémoires. Les lire est aussi une manière de lui rendre hommage, ainsi qu’aux victimes de la Shoah.

Marc Perrenoud, historien

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