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Hommage à la dame aux parfums

23 déc. 2009, 11:28

Elle s'en est allée sans bruit ni fracas, ultime ironie de celle qui m'initia à la tubéreuse de Piguet à l'aube de mes 17 ans. Fracas, L'Heure Bleue, Ambre Sultan: autant de merveilles olfactives découvertes dans son antre parfumé de la rue de la Gare, un monde magique dont la belle dame brune ne soupçonnait sans doute pas qu'il allait marquer ma vie entière. Lèvres rubis, teint de porcelaine, chevelure d'ébène: lors de notre première rencontre, elle m'évoqua Blanche-Neige ou quelque fée concoctant des élixirs mystérieux et enivrants. «La moindre des politesses n'est-elle pas de se faire belle et de sentir bon?», me glissa-t-elle un jour que j'admirais son maquillage, aussi raffiné que son sillage.

Au fil des ans, elle m'apprit à décrypter les partitions complexes des fragrances. Tête, c½ur, fond: les parfums me livraient leurs secrets, ouvrant les portes d'un univers dont je ne saurais aujourd'hui plus me passer. Se lover dans une goutte de No 5 pour vaincre le cafard, s'enrouler dans un nuage de Jicky lorsque pointe l'automne, oser Soir de Lune à l'aube d'une journée estivale… Autant de délicieux antidotes à la morosité dont elle m'offrit gracieusement les clés. A la fermeture de sa boutique, il y a quelques années, je ne pus retenir des larmes de triste amertume. Elle adoucit mon chagrin en m'offrant un flacon d'exception, murmurant à mon oreille que «les odeurs ne meurent jamais».

Aujourd'hui, elle n'est plus. Et la peine m'étreint de n'avoir jamais osé lui avouer combien sa présence me fut douce et précieuse.

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