Il y a quelque chose à dire. Au volant d'une voiture, les hommes - les femmes aussi - réveillent de sombres instincts. Sentiment de supériorité, nerfs à vif, fierté crasse ou tics moralisateurs, il y a de quoi noircir des milliers de pages de thèses sociologiques sur la question.
Pourquoi, lorsque des véhicules circulent en file, ralentis par la sereine épopée d'un tracteur au détour d'une route sinueuse, certains chauffeurs ont besoin de se coller au postérieur de la voiture qui les devance? Comme s'ils allaient arriver plus vite à destination en montrant à leurs congénères que c'est vraiment, mais alors vraiment, à contrec½ur qu'ils roulent aussi lentement. Le besoin de domination touche à son apogée en des endroits comme la ceinture de contournement de Milan, autoroute à quatre pistes où l'on n'a même pas fini son dépassement à 160 km/h - vitesse d'une lenteur indécente - que l'on se fait déjà incendier d'appels de phares, voire de klaxons les vendredis soir d'adrénaline. Dans un autre genre, certains chauffeurs ont la très célèbre manie d'accélérer juste quand on les dépasse. Pour ne pas être blessés dans leur amour-propre
Dans l'univers des poids lourds, à droite sur les autoroutes, l'ambiance est tout autre. Signes de la main, sourires complices ou coups de phares facilitateurs sont de mise. La fraternité s'affiche sur les plaquettes calées derrière les pare-brise. Ah! Vive les bouilles badines des «JO LE LEADER» et autres «BART TE DIT SANTE».