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Faisons avorter cette initiative!

05 juil. 2011, 08:44

Et puis quoi encore? Sous le prétexte qu'ils bousillent exprès leur santé, je vais refuser que ma prime de caisse-maladie rembourse les soins des fumeurs atteints d'un cancer? Parce qu'ils mangent trop gras, je vais m'opposer à ce que ma cotisation rembourse le traitement des victimes d'accidents cardiovasculaires? Et pourquoi ma facture paierait-elle les opérations du ménisque de sportifs d'élite beaucoup trop entraînés?

Stop, on arrête! Parce que l'assurance maladie - et c'est la raison d'être de toute assurance - repose sur un principe aussi évident que fondamental: la solidarité. La société individualiste d'aujourd'hui a trop tendance à l'oublier. Tout comme les auteurs de l'initiative «le financement de l'avortement est une affaire privée», qui clament que les femmes n'ont qu'à prendre leurs responsabilités et que certains assurés n'ont pas envie que leur prime paie les avortements d'autrui.

Quant à leur argument phare, les coûts, il ne tient pas la route: ceux-ci n'atteignent guère plus de 7 millions de francs par an. Une IVG par voie médicamenteuse (60% des cas) coûte environ 500 francs, un accouchement dix fois plus. D'ailleurs, puisqu'ils affirment que la grossesse n'est pas une maladie, pourquoi ces initiants ne suggèrent-ils pas aussi de cesser de rembourser les accouchements? L'économie serait assurément plus grande!

Le sait-on? Derrière l'initiative, on trouve des politiciens qui, en 2002 déjà, militaient contre la dépénalisation de l'IVG. Largement désavoués en votation populaire, ils sont repartis au combat pile au moment où les primes prenaient l'ascenseur, surfant sur la baisse des coûts de la santé. En oubliant que la santé, selon la définition de l'Organisation mondiale du même nom, c'est «un état de complet bien-être physique, mental et social». Et qu'une grossesse non désirée, et cette fois ce sont les médecins suisses qui l'affirment, est un état qui rend malade.

C'est une évidence: sortir l'avortement de l'assurance de base serait une catastrophe pour de nombreuses jeunes femmes qui, déjà en situation de détresse, ne pourraient assumer des factures sans doute plus chères. Un retour à la peu glorieuse, et pas si lointaine, époque des «faiseuses d'anges»? La Suisse vaut mieux que ça!

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