«Je peux fermer la cuisine. Y'a pas un car de Japonais qui va débarquer.» Giacomo - il se reconnaîtra s'il lit ces lignes - lâchait souvent cette phrase en fin de soirée. La clientèle nocturne se faisant rare. Il y avait bien l'architecte, qui venait tardivement déguster une entrecôte. Mais point d'amateurs asiatiques à l'horizon. La boutade de Giacomo a fait le tour de la ville. Elle est devenue une légende urbaine. Un car de Japonais à La Chaux-de-Fonds, quelle drôle d'idée!
Mais voilà! Cet été, un autre restaurateur, Richard, met à mal cette croyance enracinée. Avec le label Unesco obtenu par la Métropole horlogère, il voit les clients étrangers affluer au sommet de la tour. Ces propos font sourires ses confrères. Les quolibets fusent! «T'es pressé? T'attends des cars de Japonais?», lui lancent certains lorsqu'il quitte la table d'un café du coin. Richard n'en démord pas. L'altitude de son établissement, qui domine la ville, est un atout. Pour les photographes aussi.
Cette semaine, ils sont venus d'un seul coup. A midi. Etonnement dans la salle. Plus de 40 Asiatiques ont pénétré tour à tour dans le restaurant de Richard. La coursive a été prise d'assaut. La vue imprenable sur la cité mérite bien ces quelques clics-clacs. Les bistrotiers chaux-de-fonniers devront réviser leurs gammes et les langues étrangères. Et pas question de fermer la cuisine. L'autre jour, ce n'était pas un car de Japonais qui a débarqué. Non! Carrément deux!