Rot monumental. Les fourchettes restent en suspens. Sa bouche formule l'avertissement qui suit: «George W. Bush, ordure, je vais entrer dans ta tête!» Mal à la mienne. Quelle idée de me retrouver coincée là, à enregistrer cette scène de vie en pleine zone sinistrée d'usines et de briques. «Quelque chose m'empêche d'y accéder», dit sa voix caverneuse. D'autres fronts se plissent autour de la table. «Rhaaa, impossible, il a un bouclier».
L'intense frétillement neuronal au pays des frites aura peut-être créé le déclic sur les papilles de l'homme visé devant un certain bretzel. En attendant, mon micro capte toujours les bribes de cette vérité qui est ailleurs. Quelques morses dans une énorme tranche de gâteau, et elle repart à sa recherche. Le pendule tourne. Accélère. Manque de sortir de son orbite «Destruction de l'Europe!»
Pas trouvé mieux pour détendre les esprits que: «Ouf, la Suisse est sauve, elle n'est pas dans l'Union.» Regard noir.
Elle devait avoir Hergé dans sa panoplie d'outre-tombe. Quelques heures plus tard, les pupilles de la momie de Rascar Capac me fixaient avec la même noirceur. Pas bon pour le sommeil, de blaguer avec les frontières belges du réel.
