On conjugue, on croit être à la mode, mais toute sa vie on conjugue sans s'apercevoir que les temps changent. Tenez, juste à titre indicatif, on ne s'est pas vu abandonner le futur, ce temps de la jeunesse. Cette époque où l'on a assez de vie devant soi pour dire avec assurance que quand on sera grand, on sera inventeur, acteur ou général puis plus sagement ingénieur, infirmier ou n'importe quoi d'autre puisqu'il n'est point de sot métier. C'est déjà que l'on s'est mis au présent de la vie. Le verbe n'est que d'action et souvent intransitif car nous sommes dans l'intransigeance. Sans l'avoir vu venir, on glisse dans la force de l'âge. L'âge du faire où le verbe se suffit à lui-même. Vient parfois un moment où la conjugaison se pratique à deux. On appelle ça la vie conjugale; un mot formé de «jugal» qui vient du radical joug (en fait je n'en suis pas sûr mais au vu de l'expérience, ça le fait bien ce côté impératif, non?) et de qui, en fait, veut dire «avec», mais si! Mais ça, c'est un autre temps qui n'est d'ailleurs pas toujours en concordance, si vous voyez ce que je veux dire. A partir de là, ça devient bêtement subjonctif, voire même imparfait. Et ce futur naguère bienséant a quelque chose de postérieur Car, tout à coup, c'est simple, on compose au passé. Alors que l'on a toujours désiré le plus que parfait.
