Est-il nécessaire d'acheter un billet pour transporter un gril électrique sur pieds dans un bus? Le superbe objet est-il plutôt assimilé à un vélo, puisqu'il comporte des pièces métalliques, ou à un chien, parce qu'il possède quatre pieds? Perplexe devant le distributeur automatique des TN, je constate qu'aucune de ces questions, pourtant parfaitement légitimes, n'est développée sur l'affichette d'information présentant le système Onde verte. Comme le bus arrive, je décide finalement que mon abonnement suffira pour mon grill et moi. Salivant à la pensée de l'orgie de viande grillée qui m'attend dans quelques heures, je hisse ce prodige de l'industrie moderne dans le véhicule et m'assieds.
Enfin, quand je dis «et m'assieds», il s'agit d'une licence poétique, pour ne pas dire d'un sérieux raccourci. Car caser l'encombrant appareil sans transfomer l'engin en embûche - genre piège viet-cong - pour les passagers qui passeraient à proximité tient un peu du Tetris, niveau extra killer hardcore. Mais je parviens finalement à le coincer entre la banquette et la barre de protection rembourrée tout en me glissant au milieu.
Quelques arrêts plus loin, un ado grimpe à son tour dans le bus, avec une bicyclette. «C'est interdit, les vélos», braille le chauffeur. «Eh c'est vraiment pas cool», rétorque l'un de ses potes. «Et les grille-pain alors, ça c'est permis?», ajoute-t-il en jetant un il réprobateur à mon chef-d'uvre de technologie barbecuesque.
Sale jaloux, t'en auras pas une miette, de mes grillades.