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Cette lettre trop épaisse et trop fragile

06 oct. 2009, 10:31

Je vous parle d'une époque où l'on écrivait encore des lettres, pour vous dire si c'était jadis. Une époque révolue où l'on croyait encore que l'on pouvait traverser l'orage qui s'abattait sur notre pays, la Colombie, sans se mouiller. Un ami, appelons le Gustavo, - oui il s'appelait Gustavo -, m'a écrit une longue missive.

Tellement longue que l'enveloppe qui la contenait était bizarre, déformée. Trop épaisse et trop fragile à la fois. Maculée de rêves peut-être. De toute façon, elle a éveillé assez de soupçons à la douane pour être ouverte. Pas de miracle, son lieu d'expédition était la Colombie. Mon ami Gustavo m'écrivait depuis un asile psychiatrique et son cri était pressant, trop fort pour être un chant, trop urgent pour devenir poème, trop long pour ne pas confiner avec le silence. Oui, il m'avait écrit jusqu'au silence. Tendre et effrayant dans son délire.

Enfermé entre quatre murs blancs où ses amis allaient le voir une fois par mois, de 16 heures à 18 heures et de moins en moins.

Dans des instants volés à la lucidité, du tréfonds de soi, comme un animal triste, il me parlait de ce que l'on ne dit plus, ou si rarement: d'épiderme, du besoin de combat pour construire la paix, d'amour, de désir...

Je pense encore à ce pauvre douanier zélé qui, sûrement, cherchait de la drogue. Et il en a trouvé une, à la valeur inestimable.

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