Patrice Boyer se sent humilié. Pasteur indépendant, il n'a pas pu présider le service funéraire prévu ce mercredi à l'église de Fleurier et ce malgré les dernières volontés du défunt. La raison? L'Eglise réformée évangélique neuchâteloise a mis son veto et a préféré désigner une pasteure officielle, relate Le Matin dans son édition de mercredi.
Pourtant son statut de pasteur est bien reconnu par l'administration. Exclu de l'Eglise évangélique de l'Arche, après son divorce, en 2008, il n’a pas renoncé à la profession de pasteur, et a obtenu un statut d’indépendant, "comme n’importe quel ouvrier", en 2011, auprès de l’Etat de Neuchâtel. Au bénéfice d’une formation biblique effectuée à Chalon-sur-Saône, en France, puis d’un stage pratique de cinq ans à la Riponne, Patrice Boyer a exercé dans trois églises, à Payerne, au Sentier et à Fleurier avant son expulsion. Un épisode douloureux qu’il avait raconté dans son livre "Itinéraire d’un pasteur rejeté", paru en 2012.
"On me fait passer pour quelqu’un qui est dans la secte"
Cet habitant de la Côte-aux-Fées a ainsi coutume de célébrer diverses cérémonies, mariages ou enterrement, sans que cela pose problème et ce aussi bien dans le Vallon, qu'à Peseux, Le Locle ou La Chaux-de-Fonds. D’où sa surprise de se voir interdire la célébration des obsèques d’un ami dont c’était pourtant la volonté. "Je me suis senti sali. On me fait passer pour quelqu’un qui est dans la secte. Alors qu’aujourd’hui, je ne suis d’aucune religion. Je suis simplement chrétien. Le Christ a été le premier pasteur indépendant. Ça n’a pas plu non plus et il a fini sur la croix", rappelle-t-il.
Christian Miaz, président du Conseil synodal, s'explique. "Le titre de pasteur n'est pas protégé." Et si tout un chacun peut donc se proclamer pasteur, seuls ceux désignés par les Eglises officielles ont le droit d'exercer dans une église. Les autorisations sont alors le plus souvent remises par le Conseil paroissial de l'Eglise concernée. " Un laïc n'est pas autorisé à intervenir dans une église, mais les centres funéraires lui sont ouverts. C'est là que la volonté du défunt peut être respectée", souligne encore Christian Miaz.
Quant à la famille du défunt, une fois informée de la situation, elle a proposé à Patrice Boyer d'intervenir durant la cérémonie, dirigée par la pasteure. Il a refusé. En plus de ses activités de pasteur, il est président régional de la Croix-Bleue et gère deux magasins de seconde main qui contribuent à la réinsertion professionnelle.