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Une troisième correction des eaux du Jura en discussion à Morat

Plus de 350 délégués neuchâtelois, vaudois, fribourgeois, bernois et soleurois se sont réunis, vendredi 16 novembre, à Morat (FR) pour discuter d’une 3e correction des eaux du Jura.

16 nov. 2018, 15:54
Une petite partie des eaux de l'Aar et de la Sarine sera déviée via le Grand Marais dans la Broye et le Lac de Neuchâtel.

«Ce projet pour la préservation de la fertilité de nos terres agricoles des Trois-Lacs est à saluer. Avec le changement climatique, il est d’autant plus juste de se préoccuper de la durabilité de nos terres nourricières, en tenant compte des intérêts bien pensés de la protection de la nature», a déclaré à Keystone-ATS, Laurent Favre, conseiller d’Etat neuchâtelois.

La région, devenue le jardin potager de la Suisse, «est la zone la plus importante pour la sécurité alimentaire du pays», a expliqué Peter Thomet, président de la communauté d’intérêts Pro Agricultura Seeland. Ce dernier a rappelé que la sécurité alimentaire était désormais inscrite à l’article 104a de la Constitution fédérale. Or elle «est menacée par le réchauffement climatique. La Suisse sera plus touchée que beaucoup d’autres pays car on y prévoit une augmentation de la température de 3 à 4°C», a ajouté un des fers de lance du projet. De fortes précipitations alterneront avec des périodes de fortes chaleurs, a-t-il prévenu.

Dans un document de travail, le vice-président de la commune d’Anet (BE) note qu’il y a aujourd’hui deux problèmes à résoudre: le drainage et l’irrigation. Selon lui, une troisième correction des eaux du Jura devrait permettre d’améliorer l’aptitude agro-technologique des sols.

Chantier à 1 milliard

Peter Thomet a précisé que sans des mesures ciblées, la capacité d’utilisation d’une bonne partie des sols sera fortement limitée par les interactions des eaux stagnantes et souterraines, par l’assèchement périodique et surtout aussi à cause de la granulométrie particulière du terrain.

Le docteur en agronomie a relevé qu’après 50 à 70 années de service, les systèmes de drainage existants devaient être remplacés. La capacité d’évacuation de tout le système de canaux du Grand Marais ne suffit plus pour faire face à ces nouvelles situations météorologiques. Les capacités d’évacuation du Canal principal côté bernois et du Grand Canal côté fribourgeois sont à augmenter.

Afin que, durant les années chaudes et sèches, la nappe phréatique sous le Grand Marais puisse être alimentée par les eaux de l’Aar et de la Sarine, Peter Thomet a proposé de construire une liaison pas encore existante entre le Canal d’Hagneck et l’Unterwasserkanal (canal de fuite) dans le Canal Principal et le Grand Canal.

Une petite partie des eaux de l’Aar et de la Sarine sera ainsi déviée via le Grand Marais dans la Broye et le Lac de Neuchâtel et ne sera donc pas turbinée dans la centrale électrique d’Hagneck.
Le chantier total est estimé à un milliard de francs pour des travaux à réaliser d’ici à 2050. Peter Thomet a précisé que l’accès à l’eau coûtait des millions de francs. «Si elle veut garantir sa souveraineté alimentaire, la Confédération devra davantage subventionner ces chantiers», a-t-il dit.

Un certain scepticisme

«Le projet rencontre un certain scepticisme des milieux de protection de la nature qui redoutent des atteintes à la biodiversité», a observé Peter Thomet. Ce dernier a d’ailleurs reconnu l’importance écologique exceptionnelle de la région pour les oiseaux nicheurs et migrateurs par exemple.
Prochaine étape: la création d’une plate-forme d’action intercantonale qui sera lancée officiellement le 5 avril 2019 à Morat.
 

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