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Une quinzaine de policiers neuchâtelois escortent les migrants sur des vols spéciaux

Une quinzaine de policiers neuchâtelois sont chargés d'escorter les requérants d'asile refoulés par la Suisse et les accompagnent par avion jusque dans leur pays d'origine. Une mission particulièrement délicate.

28 avr. 2015, 17:00
Un requérant d'asile débouté par la Suisse et renvoyé dans son pays d'origine par avion.

C’est une particularité suisse:lorsqu’un requérant d’asile débouté par la Confédération s’oppose à son renvoi, ce sont les polices cantonales qui sont chargées d’exécuter la décision, contrairement à la France ou l’Allemagne qui confient cette tâche à leurs polices nationales.

A Neuchâtel, quinze gendarmes remplissent la mission d’agents d’escorte et raccompagnent les migrants jusqu’en Afrique ou en Europe de l’Est. L’un d’entre eux a accepté de nous parler de ce travail délicat.

Régis Mergy, vous êtes sergent-major à Police secours et responsable des renvois pour le canton de Neuchâtel. Pourquoi avez-vous eu envie d’escorter des migrants dans leur pays d’origine?
Il y a une douzaine d’années, alors que j’étais jeune gendarme à la police neuchâteloise, on m’a demandé de raccompagner une personne en Turquie. C’est ainsi que j’ai réalisé mon premier vol d’escorte. J’ai trouvé cette mission particulièrement intéressante, elle permettait de diversifier encore mes tâches au sein de la gendarmerie. J’ai décidé de suivre la formation d’agent d’escorte, dispensée à Genève par l’Institut Suisse de Police.

Les migrants déboutés se sont souvent saigné pour réussir à atteindre la Suisse. Leur renvoi constitue un échec pour eux. N’est-ce pas émotionnellement difficile de participer à ce refoulement? Le métier de policier est de toute façon difficile. Dans mes fonctions au sein de police secours, j’interviens régulièrement sur des affaires pas très joyeuses, telles que bagarres, accidents ou décès, qui sont aussi éprouvantes que d’escorter des requérants déboutés. Lorsque le voyage de retour se passe mal et que je suis confronté à des cris ou des pleurs, je ne suis évidemment pas insensible à cela. Mais souvent, ça se passe bien. J’ai du respect pour ces gens. Si je n’effectue pas ce travail moi-même, quelqu’un d’autre le fera, et peut-être pas aussi bien. 

Si vous escortez des migrants, c’est parce qu’ils s’opposent à leur retour. Arrive-t-il que des vols se passent mal?
Oui. Lors d’un voyage sur la Guinée, un déporté m’a menacé de mort durant sept heures, persuadé que j’étais à l’origine de son renvoi. Heureusement, nous sommes toujours, au minimum, deux agents d’escorte sur le même vol. J’ai pu me faire relayer lorsque les menaces sont devenues insoutenables. En revanche, je n’ai jamais été confronté à des violences physiques durant un transfert. Mais c’est arrivé à certains de mes collègues. 

 

L'intégralité de cette interview à lire demain mercredi dans L'Express et L'Impartial  

 

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