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Une juriste au chevet des maladies négligées

21 août 2009, 07:37

Beatrice Stirner, vous êtes juriste et travaillez sur les maladies négligées. C'est du droit ou de la recherche?

C'est du droit, car ce domaine touche à la propriété intellectuelle. Je travaille sur un projet du Fonds national dont le but est de trouver des instruments pour stimuler le développement de produits pharmaceutiques contre certaines maladies qui touchent principalement des pays du tiers monde, comme la malaria, et qui intéressent peu les entreprises. A ce jour, 90% des investissements dans la R & D bénéficient à 10% de la population mondiale.

Vous êtes Allemande. Pourquoi être venue à Neuchâtel?

A l'Institut Max-Planck, où j'étais chercheuse, j'ai rencontré Daniel Kraus, chargé de cours en droit de la propriété intellectuelle de l'Université de Neuchâtel. Avec le professeur Olivier Guillod, il m'a proposé de participer à ce projet. Je m'intéressais déjà aux maladies orphelines, qui touchent si peu de patients qu'elles n'intéressent pas l'industrie. Avec les maladies négligées, c'est un peu le même problème: il faut convaincre les entreprises d'investir dans la recherche, même si elles estiment que ce n'est pas rentable.

La Suisse peut jouer un rôle important dans ce contexte?

Bien sûr: elle compte de grosses industries pharmaceutiques, que l'on peut mieux sensibiliser, et elle est toujours très écoutée sur la scène internationale. Il ne faut pas oublier non plus le rôle de Ruth Dreifuss, qui a présidé la Commission sur les droits de propriété intellectuelle, l'innovation et la santé publique de l'OMS en 2006. Oui, la Suisse a une carte à jouer et peut montrer l'exemple.

Mettre ces problèmes en lumière, c'est une vocation, une sorte de mission pour vous?

C'est surtout, à travers ma voix, donner la possibilité de s'exprimer à ceux qui ne peuvent pas, parce qu'ils vivent trop loin ou sont trop pauvres.

Votre projet se termine en septembre: rentrerez-vous en Allemagne ou resterez-vous à Neuchâtel?

Je ne sais pas encore où je réaliserai ma thèse de doctorat. J'ai envie de continuer à travailler dans ce domaine, cela peut être ici, en Allemagne ou aux Etats-Unis... Je me plais beaucoup ici, j'ai dû apprendre le français, cela n'a pas été facile, mais la population a toujours été très ouverte et chaleureuse.

Une anecdote de vos premiers jours à Neuchâtel?

Ma première promenade, au bord du lac à Neuchâtel, m'a un peu surprise: j'y ai rencontré des adolescents en train de fumer de la marijuana. Et lorsque je leur ai demandé pour quelle raison ils fumaient ainsi, ils m'ont répondu que c'était pour évacuer le stress de l'école. Ce qui m'a frappé, c'est qu'ils fumaient en public, l'après-midi sur un passage très fréquenté, et que personne n'a remis ça en question.

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