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Une course à travers l'Europe pour la cause des fleurs

08 août 2009, 04:15

Anahí Espíndola, comment une jeune femme d'Argentine en vient-elle à étudier le bouton-d'or à l'Université de Neuchâtel?

C'est une longue histoire! Après ma deuxième année de biologie en Argentine, j'ai effectué un séjour à Chambrelien dans la communauté Lanza del Vasto. Il s'agissait de vacances actives, de volontariat, et j'y ai rencontré mon compagnon. J'ai eu alors envie de continuer mes études à Neuchâtel. Mais j'ai dû prendre des cours intensifs de français pour y être admise.

Etudier à Neuchâtel, c'était très différent?

Disons que j'ai étudié dans l'une des plus anciennes universités d'Amérique du Sud, l'Universidad Nacional de Córdoba, fondée en 1613, et qu'elle compte plusieurs dizaines de milliers d'étudiants. Donc c'est impossible de comparer. Il y avait plus de 300 étudiants dans ma classe. A Neuchâtel, les professeurs sont plus proches des étudiants et les cours plus «personnalisés». Cela peut être considéré comme une qualité, mais aussi comme un défaut, car les exigences ne sont souvent pas les mêmes si nous connaissons trop les étudiants.

Vous parcourez l'Europe à la recherche de certaines plantes et des insectes qui les pollinisent. La biologie de terrain existe toujours? Tout ne se fait pas en labo ou par ordinateur?

Il y a beaucoup de terrain. Ces deux derniers étés, j'étais presque toujours en balade, de la Grèce au Danemark et jusqu'en Roumanie. Nous devions arriver au bon moment au bon endroit pour pouvoir récolter et étudier la façon dont certaines espèces de plantes (le grand bouton-d'or et un arum en ce qui me concerne) interagissent avec certains insectes pollinisateurs, dans différentes régions d'Europe. C'est très stressant: si vous ne trouvez pas votre plante, ou si vous arrivez trop tôt ou trop tard, vos conclusions seront beaucoup moins fortes.

Pas de tout repos, donc...

On a roulé des heures et des heures, dormi dans la voiture, sauté des repas, on ne s'est pas lavés pendant des jours, on a passé des frontières en craignant qu'un douanier ne tombe sur notre énorme herbier, fait de plaques de métal. Ce n'était de loin pas des vacances!

A quoi mène ce type de recherches?

On veut par exemple savoir si les histoires des plantes et des insectes qui les pollinisent sont liées d'une façon quelconque. Nous cherchons par exemple à savoir si ces insectes et ces plantes se «suivent» lors de grands changements climatiques, car nous savons que l'absence de l'un des partenaires peut conduire à l'extinction de l'autre. En arrière-plan, on a toute la problématique du réchauffement climatique: certaines espèces risquent-elles de disparaître, et si oui que faut-il faire pour protéger ces raretés biologiques?

Vous en feriez votre métier?

Disons qu'en Suisse, c'est difficile: il n'existe pas de véritable carrière de chercheur sur le long terme. Mais j'aimerais continuer mes recherches dans ce domaine, oui. En Europe ou ailleurs, où on voudra bien de moi!... Françoise Kuenzi

Françoise Kuenzi

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