Paradoxe? Alors que les livres et les magazines qui prodiguent des leçons d’éducation se vendent comme des petits pains, les parents n’ont jamais été aussi peu confiants qu’aujourd’hui. Le psychiatre Charles-Edouard Rengade le constate au quotidien. Nouveau médecin-chef du Département de psychiatrie de l’adulte au CNP (Centre neuchâtelois de psychiatrie), il vient de publier un ouvrage sur l’estime de soi des géniteurs, intitulé «Parent confiant, enfant heureux», aux éditions françaises Odile Jacob.
Charles-Edouard Rengade, pourquoi avoir écrit ce livre? Les parents manquent-ils réellement de confiance en eux?
Oui, les parents sont beaucoup plus perdus aujourd’hui qu’auparavant. Ils manquent d’estime de soi et ont besoin d’être rassurés. Durant des siècles, on ne s’interrogeait pas sur l’éducation. On pensait que rien ne venait de l’enfant et que tout reposait sur les parents. Il existait un modèle standard de la famille, basé sur une éducation rigide où, à table par exemple, on séparait les adultes des enfants. Puis les pédopsychiatres ont découvert que les enfants n’étaient pas inertes. C’est assez récent! Les interactions entre parents et enfants se sont alors développées.
Les doutes que ressentent certains parents dans leurs tâches éducatives sont donc plutôt récents?
Oui, et ils sont également liés au fait que la place des parents au sein de la famille a changé, tout comme les modèles conjugaux. Des pères et des mères qui travaillent ressentent parfois le sentiment d’être peu disponibles pour leurs enfants. La recomposition des familles, le divorce ou encore les difficultés économiques constituent une accumulation de petits stress qui peuvent conduire à une détresse émotionnelle et à une panne d’estime de soi parentale.
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