L’image de milliers de migrants climatiques quittant leur pays pour l’Occident n’a rien de fondé. Pire, cette vision pose problème puisqu’elle accentue la peur de migrations incontrôlables, biaise l’opinion publique ainsi que les débats politique et scientifique.
C’est le point de vue défendu par Etienne Piguet et Suzy Blondin de l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel (Unine) ainsi que par vingt autres spécialistes des migrations et des changements environnementaux dans un article paru ce mardi dans la revue «Nature».
«Des mobilités locales»
«Contrairement aux images catastrophistes véhiculées dans certains médias, les aléas environnementaux ne débouchent que très rarement sur des migrations de masses», résume l’Unine dans un communiqué. «Si les conséquences du changement climatique sont potentiellement dramatiques, et si elles se manifesteront principalement dans des pays défavorisés du Sud, elles engendreront en premier lieu des mobilités locales.»
L’article critique le financement actuel de la recherche sur les migrations – en particulier le programme Horizon 2020 de l’Union européenne – «trop orientée sur les questions sécuritaires et migratoires au détriment d’approches plus larges en termes de développement et de mobilité», selon les chercheurs. A leurs yeux, il est nécessaire de revoir les programmes de recherche afin de faire en sorte que les politiques abordent «les bons problèmes».