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Tous les morts ne sont pas traités de la même façon

Dire adieu à l'être aimé qui quitte cette terre est très différent selon qu'on soit catholique, juif, musulman ou non croyant. Tour d'horizon en cette veille de Toussaint.

28 oct. 2011, 17:30

A la veille de la Toussaint, fête des morts chez les Catholiques, quels sont les rites en vigueur dans les différentes religions au moment de la séparation avec les défunts?

«Chez les Catholiques, l'accent durant la cérémonie est porté sur l'espérance de la résurrection. Cela se fait par la lecture de textes bibliques mais aussi par le symbole de la lumière. Nous allumons le cierge pascal et plusieurs autres sont déposés près du cercueil du défunt», explique Jean-Marie Oberson, prêtre à la cure catholique de La Chaux-de-Fonds. Les Protestants ne se distinguent pas beaucoup des catholiques. «Nous ne célébrons pas la fête de tous les saints remplacée par la fête de la Réformation. Au moment de l'ensevelissement, les lectures sont davantage personnalisées en fonction du vécu du défunt et de sa famille», relève Frédéric Vernet, pasteur au Val-de-Ruz.

Le poids de l'Holocauste
Les rites pratiqués dans d'autres religions, moins représentées dans le canton, portent la marque d'autres cultures souvent éloignées de notre civilisation européenne. Tour d'horizon.

Chez les Israélites, le rite est fortement influencé par l'histoire. «Nous avons entre un et cinq décès par an. Nous n'incinérons pas nos défunts à cause de la référence aux Nazis qui brûlèrent les nôtres», explique Bertrand Leitenberg, président de la communauté israélite du canton. «Le corps est enterré le plus rapidement possible de sorte que le deuil puisse s'engager au plus vite. L'enterrement juif se caractérise par une cérémonie funèbre très dépouillée. C'est sans fleurs ni couronnes», souligne Bertrand Leitenberg. La mise en terre prend soin de toujours orienté le corps en direction de Jérusalem à l'image des Musulmans qui, eux, le placent dans l'axe de la Mecque. Les Anabaptistes, au nombre de deux cents dans le canton, célèbrent les obsèques dans un cadre communautaire tel que cela se pratique chez les Protestants et les Catholiques.

Le respect de l'ouvrier
Pasteur des Anabaptistes neuchâtelois, le Chaux-de-Fonnier Pascal Bippus insiste sur le caractère collectif de l'enterrement (pas d'incinération) en s'appuyant sur l'exemple de Tramelan. «La commémoration a lieu en général vers 13h afin de permettre à tout le monde, dans cette ville ouvrière, de s'y rendre avant la reprise du travail». Chez les Indous, l'inhumation se déroule le jour même de la mort. «Les corps sont incinérés à l'exception des enfants de moins de deux ans», rapporte Daniel Leemann, de l'entreprise Ceremonia, spécialisée dans l'organisation de cérémonies funèbres personnalisées.

C'est chez les Musulmans qu'il faut rechercher le rituel le plus original et complexe dans sa symbolique. «Le défunt est inhumé très rapidement afin de le libérer de la vie terrestre. Il est préalablement lavé, puis habillé avec trois pièces d'étoffe pour les hommes et cinq pour les femmes. Le corps est ensuite déposé dans le cercueil en veillant que la tête soit orientée vers la Mecque. Le défunt serait sitôt son ensevelissement déjà confronté au questionnement des anges. C'est pourquoi les personnes présentes prient Allah pour que le défunt affermisse sa langue dans ses réponses», détaille l'Imam du canton de Neuchâtel. A noter que le cimetière de La Chaux-de-Fonds possède un quartier multiconfessionnel. Les Musulmans y reposent dans des emplacements qui leur sont réservés. Ce massif peut-être désaffecté au bout de 60 ans alors qu'habituellement le délai n'excède pas 30 ans. C'est une concession qui a été faite aux Musulmans souhaitant pouvoir enterrer leurs morts pour l'éternité.

Le rite est sain
Chez les non croyants, il n'y a pas de règle précise, leurs obsèques se limitant parfois au strict minimum. «A Paris, 30% des gens appartenant à cette catégorie passe directement des pompes funèbres au cimetière sans aucune forme de cérémonie», relève Daniel Leemann. Ce dernier juge que des obsèques bâclées peuvent avoir des répercussions sur la santé: «une cérémonie digne de ce nom est un élément capital dans le chemin du deuil. On sait que les deuils non accomplis sont une cause majeure de dépression.»

Sollicité pour intervenir dans le cas d'obsèques non religieuses, ce célébrant  évoque le cas d'une cliente iranienne. «Cette dame était athée et nourrie de culture et de littérature persane. Je me suis plongé pendant trois jours dans la poésie persane afin que toute la cérémonie soit imprégnée de cette sensibilité et de cette beauté.»

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