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Prix BCN Innovation 2017 : SY&SE unit les matières sans colle

La technologie Impulse Current Bonding (ICB) permet d’assembler le verre aux métaux et aux céramiques. Développée en terres neuchâteloises et brevetée, elle est portée par la société de Sébastien Brun.

17 oct. 2017, 01:20
Sébastien Brun, le fondateur de SY&SE, devant une machine de développement équipée de neuf microréacteurs.

Quelle start-up décrochera le Prix BCN Innovation 2017? Les quatre finalistes sélectionnés par le jury se nomment iWood, Totemi, SiMPLInext et SY&SE. Ils travaillent, respectivement, sur un processus inédit de fabrication de meubles en bois, de la signalétique connectée, une nouvelle génération de tissus cellulaires et une méthode d’assemblage du verre à l’échelle atomique. Le projet gagnant sera révélé le 26 octobre prochain et remportera le prix de 300’000 francs. Avant de connaître le lauréat 2017, L’Express – L’Impartial, partenaire du prix BCN innovation, va à la rencontre de ces entrepreneurs sélectionnés parmi 22 candidats. Au travers du portrait de ces quatre sociétés publiés entre le 17 et le 20 octobre, découvrez les visages de l’innovation neuchâteloise.

Sceller verre et métaux ou verre et céramiques sans une goutte de colle? C’était inconcevable jusqu’au développement de la technologie de rupture Impulse Current Bonding (ICB) portée par la toute jeune pousse SY&SE installée au parc technologique Neode, à La Chaux-de-Fonds. «Le procédé ICB réunit plusieurs avantages: il permet d’assembler ces matériaux sans colle et à basse température, soit environ 150° Celsius. Comme cela se situe en dessous de la température de fusion, les composants restent à l’état solide et leurs propriétés demeurent intactes. Il faut savoir qu’au-dessus de 250°, les propriétés de certains aciers commencent à se modifier», explique Sébastien Brun qui a fondé la start-up début 2017.

Un lien étanche

La technologie présente un autre atout majeur: elle lie verre, métaux et céramiques de manière totalement étanche, selon les normes les plus contraignantes. Dans la mesure où elle se passe de colle (qui se désagrège forcément avec le temps), elle présente l’avantage d’être pérenne et biocompatible; elle peut dès lors être utilisée dans les laboratoires médicaux et pour les implants, par exemple. Selon l’ingénieur, il est plutôt rare que des assemblages de matériaux s’avèrent permanents.

D’un point de vue industriel, c’est une petite révolution, parce que les possibilités d’applications sont innombrables. On assemble le verre au métal ou à la céramique dans quantité de domaines – médical, optique, architecture, industrie, traitement de l’eau, biomédical, bâtiment ou spatial, pour ne citer qu’eux. «Un jour, on aura peut-être des fenêtres 100% étanches grâce à l’ICB», lâche Sébastien Brun dans un sourire. «Ordinateurs, lunettes, microélectronique, smartphones, énormément de produits comportent des assemblages de ces matériaux.»

Plusieurs challenges

Le projet de recherche lancé en 2013 (lire ci-dessous) est dérivé d’une autre technologie où l’on travaille à 450° Celsius. Le défi consistait à remplacer cette énergie thermique par une autre énergie. «Mais c’est comme essayer de faire une soudure à froid, ça ne fonctionne pas», illustre le chercheur. Ce n’est d’ailleurs pas le seul obstacle qu’a dû surmonter l’équipe impliquée dans le projet: il a fallu trouver une solution pour les substrats qui ont la particularité d’être moins polis. Moins les matériaux sont lisses, plus ils sont difficiles à assembler...

Or, pouvoir appliquer la technologie ICB aux substrats rugueux permet à l’industrie de travailler à un coût de fabrication bas. Le troisième challenge consistait à se concentrer sur les trois matériaux simultanément. Mener ces recherches de front représentait un labeur énorme. Sébastien Brun se souvient des débuts guère encourageants: «On a cherché, cherché pendant des mois, ça ne donnait rien. Il y a eu beaucoup d’échecs, puis petit à petit nous avons commencé à obtenir des résultats. Ensuite plus nous avons poussé les recherches, plus nous avons trouvé de solutions pour chacun des matériaux. Au plan scientifique, c’était magnifique!»

Un prix il y a deux ans

En 2015, le jeune ingénieur a été distingué par un prix du programme EPFL/CTI (Commission suisse de la technologie et de l’innovation). Une récompense qui l’a encouragé à créer la société SY&SE. D’une part, parce que la technologie avait été validée par le comité scientifique du programme qui a mis en avant son potentiel prometteur. D’autre part, le chèque reçu lui a permis de déposer les premiers brevets pour protéger le procédé.

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