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Réveiller le «bois dormant»

05 oct. 2009, 09:13

«Débrosse», «dason», «torrée», des mots qui sentent bon le terroir et que l'on trouve dans «le Pierrehumbert», cette bible du parler neuchâtelois. Ces mots renvoient aussi à un paysage emblématique de l'Arc jurassien, le pâturage boisé. Une étude, qui sera achevée avant la fin de l'année, montre l'intérêt de la valorisation des restes d'abattages dans les pâturages boisés. Economiquement intéressant et écologiquement séduisant!

Il y a quelques décennies que les branches et les cimes des épicéas abattus ne chargent plus vraiment nos fourneaux. Inexploité, ce bois est souvent brûlé sur place aujourd'hui. Un projet soutenu par la Confédération, qui figure dans le contrat de région de Centre-Jura, vise à évaluer, au moyen d'une méthodologie innovante (utilisation de données laser), le potentiel énergétique des arbres en pâturage boisé. Les évaluations initiales sont actuellement révisées à la hausse, si bien qu'il est possible d'affirmer aujourd'hui qu'il vaut la peine, sans encore avancer de chiffres, d'exploiter ce «bois dormant». Sans abattre davantage qu'aujourd'hui, on produirait du bois énergie en plus des assortiments traditionnels et on garantirait du même coup la pérennité d'un paysage emblématique de la région, sa biodiversité et sa valeur de délassement tant appréciée de la population. Si l'on n'y prend garde, ce paysage pourrait tout aussi bien retourner à la forêt ou au contraire se transformer en pâtures non boisées.

Ce bois de branches et de cimes, quasi plus exploité aujourd'hui, peut être transformé en plaquettes. Il s'agit d'un combustible assez grossier et humide, adapté à de grandes chaudières comme celles des systèmes de chauffage à distance existants ou en projet dans le canton. Une part significative de leurs besoins serait ainsi couverte tout en conservant des herbages et des paysages à moindre frais.

«Il ne s'agit pas de prélever plus de bois», souligne M. Vincent Barbezat, chef du Service cantonal de la faune, des forêts et de la nature (SFFN), «mais de mieux le mettre en valeur». La loi forestière limite l'exploitation de la forêt à son accroissement, ce qui interdit toute diminution du «capital forêt». Le pâturage boisé présente d'évidents avantages pour l'exploitation, comme une bonne accessibilité et du dégagement en suffisance pour le façonnage. Dans le canton de Neuchâtel, il couvre plus de 6000 hectares du territoire. De nouveaux produits issus de la gestion mixte agricole et forestière des pâturages boisés sont susceptibles d'intéresser les propriétaires publics et privés. Economiquement rationnel et écologiquement séduisant, ce projet piloté par le RUN permettra aussi de fournir des données utilisables dans d'autres régions présentant les mêmes caractéristiques paysagères.

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