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Questions autour des affaires

C'est quoi, une affaire? La question ne cesse de tarabuster Jean-Marie Reber. Le futur ex-chancelier consacre un chapitre de sa «Vie de château» à ces «faits divers, maladresses, erreurs politiques» qui sont devenues des «affaires». Il revient en particulier sur les événements qui ont coulé la carrière de l'ancien conseiller d'Etat radical Maurice Jacot.

28 mars 2009, 07:30

Plus de dix années se sont écoulées [depuis l'affaire Jacot-Amodio]. La pilule reste difficile à avaler pour qui se replonge sans a priori dans cette affaire, en tentant de faire la part des choses. Faut-il alors parler de scandale? En l'occurrence, on se trouve plutôt face à une conjonction d'éléments concordants qui démontrent que même si l'on est innocent de ce dont on vous accuse, dans certaines circonstances, il n'est guère possible de se tirer d'affaire.

Imaginez que la presse - pas n'importe laquelle - vous assassine, que vous vous trouviez en période électorale, que vous soyez l'élu d'un parti divisé et peu solidaire, que l'allié politique naturel vous ait froidement lâché et que, pour faire bon poids, vous vous défendiez maladroitement, pour ne pas dire mal! Imaginez enfin que l'enquête menée mette en lumière une situation anarchique dans un des services dont vous avez la responsabilité, même si vous avez pris des mesures et si tout cela n'est que très marginal face aux accusations qui vous sont jetées à la figure.

Imaginez tout cela et vous saisirez que, dans ces conditions, le magistrat politique était condamné, dès lors qu'une commission d'enquête, procédure tout à fait exceptionnelle, était désignée par le Grand Conseil. Avant de me mettre à la rédaction de ce chapitre, j'ai bien sûr relu attentivement le rapport de la commission pour être certain que ma mémoire ne me trahissait pas. Je me suis également plongé dans l'intégralité des interventions parlementaires au Grand Conseil et ai parcouru nombre de coupures de presse. A l'examen de tous ces documents, on ne peut échapper à un sentiment de malaise même si la plupart des protagonistes de l'affaire sont aujourd'hui sans doute à l'aise avec leur conscience, pour ceux qui en ont une.

Bien sûr, la commission peut se targuer - et elle en a été largement félicitée au Grand Conseil - d'avoir effectué un travail important, malgré les nombreuses redites pas toutes innocentes de son rapport. Il n'empêche qu'un constat s'impose à la lecture de ce long texte: ses conclusions n'offrent aucune mise en perspective. Très vite, la commission a pu se convaincre que Maurice Jacot ne protégeait pas de «ripou» et n'avait effectué aucun chantage pour sauver on ne sait quels intérêts du Parti radical, bien malgré lui au centre de la crise. L'inanité des accusations lancées par Gil Baillod et consorts s'est révélée très vite avérée. Dès lors, il est permis de s'interroger sur la nécessité, le bien-fondé, le pourquoi de ce travail qui coûta quand même 65 000 francs à la République. Beaucoup de bruit pour rien? Non, pas pour rien! Ce n'est pas «rien» l'exécution politique d'un honnête magistrat principalement victime de sa maladresse.

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