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Providence: la police procède au démontage du piquet de grève

La tente et la yourte des grévistes de l'Hôpital de la Providence à Neuchâtel ont été démontées et séquestrées par la police mercredi matin.

26 déc. 2012, 18:31
L'entrée principale de l'hôpital de la Providence, à Neuchâtel.

La tente et la yourte des grévistes de l'Hôpital de La Providence à Neuchâtel ont été démontées et séquestrées par la police mercredi matin à 06h00. Les syndicats exigent toujours du groupe Genolier des engagements fermes, notamment en matière de respect de la CCT 21.

Après avoir mis à disposition des places de parc dans l'enceinte de l'hôpital pour installer le piquet de grève, la direction de La Providence a déposé plainte pour violation de domicile, a indiqué le syndicat Syna dans un communiqué. Et mercredi à l'aube, la police est venue procéder au démontage de la tente et de la yourte des grévistes.

Dans un communiqué, le Ministère public neuchâtelois précise que la plainte pour violation de domicile a été déposée le 13 décembre dernier contre des responsables des syndicats Syna et SSP-VPOD. Les 22 et 24 décembre, suite à l'échec d'une séance de conciliation, les deux entreprises ayant monté les tentes ont été invitées à les retirer sans délai, ce qu'elles n'ont pas fait.

D'où l'opération de démontage et séquestre entreprise mercredi. Cette intervention visait à mettre fin à la violation de domicile et non à l'exercice d'un droit de grève ou de manifestation, précise le Ministère public. Ces droits doivent cependant être exercés sans en violer d'autres, écrit-il.

Droit démocratique

Ce n'est pas l'avis de Syna, pour qui l'exercice d'un droit démocratique, celui de faire la grève, a été violé. Désormais sans abri, les grévistes n'en entendent pas moins poursuivre leur action: "Le mouvement ne s'arrête pas là, on va continuer", a indiqué l'une d'elles.

Avant Noël, les employés en grève avaient jugé insuffisantes les garanties données par le Conseil d'Etat neuchâtelois dans le cadre de la reprise de l'hôpital de La Providence par Genolier Swiss medical Network (GSMN).

En matière d'emploi et de durée des engagements pris par Genolier, l'exécutif ne dispose de rien d'écrit et de précis, affirment les syndicats, qui exigent des garanties par écrit de GSMN. Le groupe privé est tenu de garantir les emplois actuels de l'ensemble des employés de la Providence et il doit renoncer à toute externalisation.

Majorité favorable

Porte-parole de La Providence, Benoît Couchepin a expliqué que l'hôpital avait proposé aux syndicats en séance de conciliation un délai jusqu'au 31 décembre pour quitter les lieux, ce qu'ils ont refusé. En outre, des patients qui venaient aux urgences ont été renvoyés par les grévistes qui leur expliquaient que l'hôpital était fermé. Une procédure pénale est en cours à ce propos.

Cette dernière affirmation a fait réagir les syndicats, qui la contestent. Les grévistes "se sont toujours tenus à disposition de leur employeur pour répondre aux besoins vitaux des patients et ceci avec tout le professionnalisme qu'on leur connaît", rappelle Chantal Hayoz, secrétaire centrale de Syna, dans un communiqué envoyé mercredi soir.

Et de préciser que "la direction de l'hôpital a dû à quelques reprises faire appel aux grévistes, qui se sont exécutés".

M. Couchepin rappelle en outre que GSMN Neuchâtel SA s'est engagée à compenser dès le 1er janvier 2014 pour chaque employé l'éventuelle perte liée aux indemnités ou aux allocations de la CCT 21 par une augmentation de salaire correspondante.

Les grévistes sont au nombre d'une trentaine sur les 340 employés. Pour mémoire, la majorité des travailleurs de La Providence s'est dite favorable à la reprise par GSMN. Lors d'un scrutin à bulletin secret organisé mi-novembre, 83,6% d'entre eux avaient participé au vote, et 76% avaient approuvé le rattachement de l'hôpital au groupe Genolier.

CCT 21

Les syndicats demandent le respect de la CCT des métiers de la santé ("CCT 21") pour toute la durée du mandat de prestations, au-delà de 2013. Ce mandat doit être annulé si le groupe Genolier refuse d'appliquer la convention collective.

Le Conseil d'Etat neuchâtelois avait annoncé la semaine dernière que l'accord conclu avec GSMN permettait de garantir "les emplois, les revenus, salaires et indemnités, du personnel". Mais le repreneur pourra déroger à la CCT 21 au-delà de 2013 tout en continuant à recevoir des mandats de prestation de l'Etat.

Pour les grévistes, il s'agit d'inscrire dans la loi et non plus seulement dans l'arrêté que toute mission hospitalière mandatée par l'Etat soit conditionnée au respect de la CCT santé. Ils entendent également inviter le Grand Conseil à refuser le subventionnement extraordinaire de 3 millions de francs accordé à La Providence pour 2012 si la CCT n'est pas respectée au-delà de 2013.

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