Les bas de laine formés par les caisses-maladie ont atteint un niveau considérable: plus de onze milliards de francs, ou, autrement dit, l’équivalent de quatre mois par assuré. Pour beaucoup, la coupe est pleine. Il faut, à présent, utiliser ce pactole pour alléger les primes. «Pour diminuer les primes, il faudrait dans un premier temps réduire la taille des réserves», appelle Baptiste Hurni, conseiller national (PS/NE) et vice-président de la Fédération suisse des patients. «Puis, un système de réserve unique devrait être créé, regroupant toutes les assurances. Car plus le nombre d’assurés est élevé, moins les réserves ont besoin d’être importantes, grâce à la répartition des risques.»

Pour diminuer les primes, il faudrait dans un premier temps réduire la taille des réserves.

Baptiste Hurni, conseiller national (PS/NE)

Le Conseil fédéral imagine une autre solution. Il veut inciter les assureurs à diminuer leurs réserves pour que les payeurs de primes en profitent directement. Vendredi dernier, il a mis en consultation un projet d’ordonnance, dans lequel il baisse les exigences légales: actuellement, les réserves doivent être supérieures de 50% au niveau minimal, et le Conseil fédéral propose d’en rester au niveau minimal. S’il est approuvé, ce texte n’entrerait en vigueur qu’en 2022. Mais les assurances n’auraient pas d’obligation formelle de l’appliquer. «Si rien ne change sur une base volontaire, nous pourrons alors penser à une révision de loi», avertit le conseiller fédéral Alain Berset.

«Les primes doivent couvrir les coûts»

Du côté des assureurs, les deux organisations faîtières ont des approches différentes. Curafutura plaide pour une utilisation des réserves menant à une stabilisation des primes. «Dans cette année marquée par l’épidémie, avec des baisses de revenus pour beaucoup, il aurait fallu faire un geste supplémentaire», regrette Adrien Kay, porte-parole. «Curafutura a proposé, dès ce printemps, d’intégrer les réserves au calcul des primes, ce qui aurait permis d’atténuer encore davantage leur hausse. Cela aurait pu se faire de manière simple et rapide par le biais d’une circulaire.» L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) n’y a pas donné suite. «L’OFSP ne peut pas approuver des primes qui ne couvrent pas les coûts, répond l’office. Ce sont les règles légales: les primes doivent couvrir les coûts. L’OFSP n’a donc qu’une marge de manœuvre très limitée.»

Curafutura a proposé, dès ce printemps, d’intégrer les réserves au calcul des primes, ce qui aurait permis d’atténuer encore davantage leur hausse.

Adrien Kay, porte-parole de Curafutura

L’autre faîtière des assureurs, Santésuisse, est davantage sur la retenue concernant les réserves. Elle analyse encore la proposition du Conseil fédéral et consent qu’«à l’avenir, on peut réfléchir à flexibiliser encore plus le calcul des primes. Il faut également que les caisses conservent leur liberté afin de pouvoir rembourser les réserves si les coûts étaient inférieurs aux primes perçues», ce qui est déjà le cas aujourd’hui.

Neuchâtel: les primes d’assurance maladie resteront stables en 2022

La prime moyenne d’assurance maladie dans le canton de Neuchâtel baissera très légèrement en 2022. Elle passe de 354 fr.40 à 354 fr. 30, soit une diminution de 0,1%. Au niveau suisse, elle sera de 0,2%.