On le craignait depuis plusieurs jours: le drapeau jaune flotte désormais sur le Château de Neuchâtel. Le niveau de vigilance face au Covid-19 est monté d’un cran ce mercredi après-midi dans le canton.
«Tout indique aujourd’hui que le virus circule à nouveau à une fréquence plus importante», a souligné le ministre cantonal de la Santé Laurent Kurth lors d’une conférence de presse. En conséquence, les autorités ont décidé de prendre de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du SARS-CoV-2.
A lire aussi: Covid-19: on a failli hisser le drapeau jaune à Neuchâtel
Masqués dans les commerces
Dès ce vendredi 21 août, le port du masque sera obligatoire dans les commerces d’une capacité de plus de dix personnes, personnel inclus. Les guichets postaux et bancaires ne sont pas concernés. «Même si l’espace est plus restreint dans les petits commerces, nous considérons que les mesures de distanciation peuvent être respectées, en créant une file d’attente à l’extérieur par exemple», illustre Laurent Kurth.
Les enfants de moins de 12 ans et les personnes déjà protégées par une vitre en plexiglas, comme on l’observe pour le personnel dans de nombreux centres commerciaux, ne sont pas soumis à cette obligation. En revanche, une visière n’est pas considérée comme suffisante.
A cette date également, les établissements publics clos proposant une consommation debout ne pourront plus accueillir plus de 100 personnes simultanément. Les clubs et les discothèques sont particulièrement concernés.
Maximum 100 personnes
Par ailleurs, le nombre de personnes autorisées à l’intérieur des commerces, musées et galeries d’art sera limité à une personne pour huit mètres carrés de surface utile. Ces restrictions ne concernent pas les salons de coiffure, de massage, de tatouage et de beauté ni les lieux qui hébergent des activités sportives comme les salles de fitness.
Plus largement, les autorités sanitaires recommandent le port du masque dans l’ensemble des lieux publics clos. Toutes ces mesures sont valables jusqu’au 30 septembre. Des sanctions sont prévues dans le cas où elles seraient enfreintes à plusieurs reprises, indique le chef du service cantonal de la consommation et des affaires vétérinaires Pierre-François Gobat. La loi fédérale sur les épidémie prévoit une amende par infraction qui peut s’élever à 5000 francs au plus.
Le drapeau jaune a été hissé sur le château de Neuchâtel. Photo: Lucas Vuitel
Davantage de tests positifs
Qu’est-ce qui a poussé les autorités à imposer de nouvelles restrictions? D’abord, la hausse des contaminations constatée la semaine dernière – le seuil d’alerte de trois cas quotidien a été dépassé durant cinq jours d’affilée avec un pic à sept cas les 12 et 13 août. Des personnes placées en quarantaine ont notamment contracté le virus.
Puis, «le taux de positivité des tests a augmenté». «Les semaines précédentes, il fallait faire 200 tests pour trouver un cas positif. Aujourd’hui, un test sur vingt revient positif», explique le médecin cantonal Claude-François Robert. A noter que la grande majorité des personnes testées positives depuis un mois dans le canton ont moins de 65 ans.
Comment expliquer cette recrudescence des infections dans la région? «Les retours de voyages et le cadre familial sont les principales causes de transmission», souligne Claude-François Robert.
Les origines sont multiples: des Neuchâtelois ont été contaminés à Malte, en Bosnie, au Kosovo, au Maroc et dans le sud de la France. Quatre cas positifs ont également été identifiés après un mariage, une infection a eu lieu dans un club sportif, une autre lors d’une séance de groupe dans une auto-école et six autres lors d’une sortie familiale en bateau en Valais. Une recrue a également contracté le virus.
Pas d’hospitalisation
A l’heure actuelle, le canton dénombre 19 personnes en isolement. 68 individus faisant partie de leurs contacts ont été mis en quarantaine. S’y ajoutent 390 autres personnes revenant de voyage d’un pays à risque et qui doivent aussi passer par la case quarantaine.
En tout, les équipes cantonales de traçages ont procédé à 40 enquêtes d’entourage depuis le 10 août. Sous pression en fin de semaine dernière, elles ont dû être renforcées. «Notre capacité de traçage est un des enjeux principaux de la maîtrise de l’épidémie. Nous avions été débordés en cinq jours au début du mois de mars, on sait que cela peut déraper très vite», relève le conseiller d’Etat Laurent Kurth.
Aucun malade du Covid-19 n’a été hospitalisé dans le Réseau hospitalier neuchâtelois depuis le 9 août. Le dernier cas positif qui y a été pris en charge aux soins intensifs remonte au 19 juin, selon les chiffres de l’institution. Le dernier décès imputé à la maladie dans le canton remonte au 8 août.
Les autorités comptent toujours sur la bonne volonté de la population et sur l’application des mesures d’hygiène de base pour que la situation sanitaire ne dégénère pas. «Si ces nouvelles mesures ne devaient pas être respectées ou ne devaient pas suffire, un nouveau durcissement sera envisagé», prévient Laurent Kurth.
Article actualisé le 19 août à 20h30.