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Nago Humbert raconte la difficulté à aider efficacement les Haïtiens

Il y a un an, la terre tremblait à Haïti. La secousse du 12 janvier provoqua la mort de 250 000 personnes, des blessés par centaines de milliers et encore davantage de sans-abri. Latitude 21 organisait hier une rencontre avec Médecins du monde Suisse, dont le siège est à Neuchâtel, afin de faire le point sur la situation.

12 janv. 2011, 10:22

«Le séisme ne date pas de 2010», affirme de manière provocante Nago Humbert, président de Médecins du monde Suisse. «Il a commencé bien avant et ce désastre n'a fait qu'aggraver une situation déjà catastrophique.»

Présente depuis douze ans en Haïti dans le cadre de l'aide au développement, l'organisation Médecins du monde Suisse soulignait déjà, avant le violent séisme, «une situation sociale et sanitaire très préoccupante», alertant notamment l'opinion publique sur «un taux de mortalité materno-infantile parmi les plus élevés au monde, une insuffisance pondérale à la naissance d'un quart des enfants, un système de santé complètement défaillant et inaccessible, un système d'éducation inopérant», sans oublier «un taux de chômage record et une pauvreté accablante». Seul le cynisme pourrait autoriser à croire que la situation ne pouvait empirer. Une année après le tragique tremblement de terre, Nago Humbert s'indigne: «C'est un véritable mensonge que d'affirmer que la situation serait meilleure sans l'intervention des organisations humanitaires.» Sans hésiter toutefois à dénoncer des pratiques véritablement «scandaleuses» relevant de l'amateurisme dans le milieu.

Le manque de coordination est d'ailleurs un sujet qui préoccupe le président de Médecins du monde Suisse: «Notre organisation travaille sur le long terme, mais nombre d'associations ont été attirées par l'urgence de la situation. Or, cette générosité éphémère et sans expertise ne vient que compliquer une situation déjà chaotique.»

Situation chaotique qui s'explique principalement par la difficulté à rencontrer des partenaires de confiance en Haïti. «L'Etat n'existe quasiment pas dans les faits. Ce sont les organisations qui réalisent le travail médical et sanitaire à sa place», explique Nago Humbert.

Ainsi, les équipes de Médecins du monde Suisse assurent surtout l'accès aux soins primaires et veillent à combattre la malnutrition sur place. De plus, elles ont pleinement œuvré à la construction d'un centre de traitement du choléra, afin de lutter efficacement contre la maladie.

La principale difficulté à l'avenir résidera dans la gestion de l'après-crise. Avec, selon Nago Humbert, le dilemme suivant: «Si nous partons, nous abandonnons une partie de la population haïtienne, et si nous restons, nous devenons l'oreiller de paresse du gouvernement qui ne fera pas les efforts nécessaires pour nous remplacer.» Et de finalement dénoncer ceux qui font, selon lui, l'erreur d'accuser les ONG de prendre le pouvoir en Haïti: «Quel pouvoir prenons-nous? Celui de soigner à la place de l'Etat?» /NDO

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