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Multinationales responsables: un non trompeur

Avec le rejet de l’initiative «multinationales responsables», le système économique et financier dominant gagne du temps. Mais ses fondations vacillent. L’éditorial d’Eric Lecluyse, rédacteur en chef d’«ArcInfo».

29 nov. 2020, 19:41
Portraits SNP  Neuchatel, 10 01 2018 Photo : © David Marchon

C’est oui mais non. Les Suisses sont majoritairement prêts à imposer des normes relatives aux droits de l’homme et à l’environnement aux entreprises domiciliées dans le pays et à celles qu’elles contrôlent. Mais l’électorat conservateur alémanique est contre, ce qui entraîne le non d’une majorité de cantons. Et donc le rejet de l’initiative, en vertu de la règle de la double majorité.

Le système économique et financier dominant a donc gagné grâce aux subtilités du système politique. Et il n’a pas à se soucier du modeste contre-projet soutenu par le Conseil fédéral qui confine au statu quo, quoi qu’en dise Glencore.

Mais gagné quoi? Du temps, guère plus. Les lignes bougent. La campagne fébrile des opposants en témoigne. Alors qu’ils prônaient la raison contre le discours «émotionnel» des initiants, ils ont plus d’une fois semblé perdre leurs nerfs. A l’image de cette sortie de la Vaudoise Isabelle Chevalley en tenue traditionnelle africaine pour dézinguer le oui, un oui pourtant défendu par son parti, vert’libéral.

Ce débat aura brouillé les cartes comme jamais, avec les Eglises et des ténors du PLR, du PDC et de l’UDC engagés pour le oui aux côtés de nombreuses ONG, de la gauche et des Verts. Il aura obligé de grands patrons d’habitude si discrets à prendre position publiquement.

Pragmatiques, ces dirigeants sentent forcément que le point de bascule est proche. La pression de la société s’accentue. Ce dimanche, la responsabilité des entreprises s’est installée durablement dans le paysage politique. L’ignorer serait irresponsable.

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