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Monnaie pleine: l'initiative est-elle une bonne idée?

Le 10 juin 2018, le peuple suisse va s'exprimer sur l'Initiative populaire "Pour une monnaie à l’abri des crises: émission monétaire uniquement par la Banque nationale! (Initiative Monnaie pleine)». Charles Constantin, membre de la direction de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l'industrie, et Julien Gressot, conseiller général et président de la section chaux-de fonnière du Parti ouvrier et populaire, en débattent.

15 mai 2018, 16:01
Le peuple suisse se prononce le 10 juin sur l'initiative Monnaie pleine.

Julien Gressot: "Un premier pas qui va dans le bon sens"

Actuellement la création monétaire n’est qu’à 10% du ressort de la Banque nationale suisse (BNS). Le 90% restant est de la monnaie électronique créée par les banques d’affaires. Certaines banques prennent des risques inconsidérés sachant pertinemment qu’elles seront sauvées par les contribuables en cas de problèmes, comme en 2008. Contrôler cette création monétaire permettra de limiter les risques de crises économiques liées à la spéculation de ces banques mais aussi de reposer la masse d’argent sur du concret afin de sécuriser l’argent placé sur un compte bancaire en cas de faillite, ce qui n’est que très partiellement le cas actuellement.

La création monétaire offre des bénéfices énormes aux banques privées grâce aux intérêts demandés en échange. Laisser à la BNS le soin de se charger de cela offre non seulement une plus grande sécurité financière mais aussi de plus grand bénéfice à redistribuer aux collectivités, donc au peuple. 

La monnaie pleine permet de limiter le pouvoir presque illimité du secteur bancaire privé. 

Cependant, aux yeux du POP qui soutient l’initiative, elle ne va pas assez loin car la BNS n’est pas dirigée de manière démocratique. Lors de la crise de 2008, personne n’a eu son mot à dire pour savoir s’il fallait donner des milliards aux banques coupables de spéculation. Aujourd’hui, la situation est de nouveau incontrôlable. Le risque est grand qu’à la prochaine crise, on nous ressorte l’argument du «too big to fail». Pour que le peuple ait le choix, le POP souhaite que la BNS soit étatisée afin que le système bancaire serve tout le monde et pas uniquement une petite minorité privilégiée.

Malgré cette limitation dans la portée de l’initiative, le POP soutient la monnaie pleine car c’est un premier pas qui va dans le bon sens.

 

Charles Constantin: "Ne cassons pas un système qui fonctionne!"

Le système de «monnaie pleine» n’a été éprouvé nulle part. Cela motive les initiants (ou maîtres-sorciers) à entreprendre un test grandeur nature en Suisse; ils espèrent ensuite reproduire le concept dans d’autres pays.

Les conséquences d’un tel modèle sont complètement imprévisibles. Il est évident toutefois que l’activité des banques s’en trouverait réduite. L’argent des dépôts à vue (comptes de virement, comptes salaire, etc.), ne pourrait plus être investi et tous les frais de gestion des comptes seraient facturés aux clients. 

Les particuliers et les PME seraient évidemment pénalisés par la raréfaction de l’offre de crédit qui s’ensuivrait, et par la hausse de son prix. L’acceptation de l’initiative déboucherait sur une économie planifiée avec une possible instauration d’un régime de quotas pour l’obtention de crédits. 

Il faudrait jouer des coudes pour obtenir des sésames donnant accès au crédit. En clair: prêts plus chers et plus difficiles à obtenir.
Un système de monnaie pleine en Suisse n’aurait aucunement permis d’éviter la crise financière de 2008, par exemple, car son origine se trouvait dans le marché immobilier américain. 

A la suite de cette crise, des mesures ont été prises pour stabiliser le système, notamment l’augmentation de l’exigence des fonds propres pour les banques. 

Le secteur bancaire contribue à la prospérité de la population suisse et des entreprises. Ne cassons pas un système qui fonctionne!

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