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Même les algorithmes l’affirment, notre langue est bien celle de Molière

Depuis un siècle, certains auteurs prétendent que les chefs-d’œuvre de Molière auraient été écrits par Corneille. Faux, rétorquent les chercheurs d’une enquête statistique, qui prouvent que tout ceci n’est que fourberie. Rideau!

28 nov. 2019, 15:36
Ceux qui pensaient que Molière n'était pas l'auteur de ses pièces risquent d'en être malades.

Or donc, nous parlons bien la langue de Molière. Et ce ne sont pas des docteurs un peu sots tout droit sortis du Grand Siècle qui l’affirment, mais des scientifiques bien de notre temps. Deux chercheurs au CNRS, Florian Cafiero et Jean-Baptiste Camps, ont soumis des textes du grand dramaturge, mais aussi d’autres auteurs de son époque, à un algorithme. La puissance de calcul statistique des outils informatiques a fait le reste.

Pas la plume de Corneille

Et le verdict est clair: le théâtre de Molière ne doit rien à d’autres plumes. Et en tout cas pas à celle de son illustre aîné, Pierre Corneille. Ainsi donc, la supercherie que croyait avoir découverte le romancier Pierre Louÿs il y a un siècle n’en est pas une. Coup de théâtre ou fourberie? 

Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années. Ce qui vaut pour Le Cid (Corneille, donc, et non Molière) ne vaut pas pour des études aussi pointues. Le travail sur la langue du 17e siècle exige d’infinies précautions, reconnaissent nos chercheurs français, qui ont travaillé plusieurs années avant de présenter leurs conclusions. Ils ont étoffé leur troupe de chercheurs, s’adjoignant notamment les compétences de Simon Gabay, chargé de recherches à l’Université de Neuchâtel, spécialisé en «humanités numériques».

Un seul personnage

Pas avares de leurs efforts, ils ont donc affiné leurs calculs, soupesant les analogies et les dissemblances, répertoriant les tournures et l’usage des mots propres à l’un et à l’autre. Et c’est – aussi – en prenant en compte le contexte de l’époque et l’histoire des pièces qu’ils en concluent, aujourd’hui, que l’acteur et directeur de troupe Jean-Baptiste Poquelin et l’auteur Molière ne sont qu’un seul et même personnage.

Infâme Alceste

Et alors? D’abord, c’est qui, ce Molière? Combien d’amis sur Facebook? Vieillerie poussiéreuse que ce versificateur à perruque bouclée et hauts-de-chausse? Sans rire – ce qui est un paradoxe – et si ce fils d’un valet de chambre du roi était l’ancêtre de nos slameurs? Leur cible à eux ne sont-ils pas les faux gentilshommes, les tartuffes, les sots et les pseudo-savants d’aujourd’hui? Les mêmes que la troupe de l’Illustre-Théâtre tournait en bourrique? Cet infâme Alceste, ce faux jeton de Tartuffe, ces prétentieux toubibs Diafoirus père et fils ou ce parfait imbécile de Monsieur Jourdain, on est quand même bien content qu’un esprit vif et rebelle leur ait donné vie.

Juste pour pouvoir dire, avant le baisser de rideau: «Ah! La belle chose que de savoir quelque chose!» En prose. Pour la rime…

 

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