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Les sous-traitants horlogers craignent une vague de licenciements

Touchés par le coronavirus et une importante chute des commandes, les sous-traitants horlogers sont dans des situations peu confortables. Ils craignent de devoir licencier.

05 oct. 2020, 11:34
A l'image du fabricant de boîtes de montres Guillod-Gunther, à La Chaux-de-Fonds, qui a fermé en août, les sous-traitants horlogers pourraient devoir licencier.

Les sous-traitants horlogers suisses sont très affectés par la pandémie de coronavirus, ayant provoqué une chute de la demande globale en garde-temps. Quelques entreprises ont déjà dû se résoudre à se séparer d’une partie de leurs collaborateurs ou se déclarer en faillite. La poursuite de la crise sanitaire pourrait provoquer une vague de licenciements.

«On souffre mais on résiste pour le moment», déclare François Billig, le directeur général d’Acrotec, un des grands groupes indépendants suisses spécialisé dans la sous-traitance notamment horlogère. «En fin d’année, nous anticipons un recul du chiffre d’affaires d’environ 15%. La chute a été amortie grâce à notre diversification», confie le responsable.

L’horlogerie permet d’engranger 50% des ventes du groupe composé de 18 entreprises, dont certaines produisent des composants utilisés dans les dispositifs médicaux, l’automobile et l’aéronautique. «Nous avons cependant été cloués au sol dans ce dernier secteur», précise le dirigeant.
La division horlogerie du conglomérat jurassien pourrait accuser un repli d’approximativement 20% de ses recettes. «Mais il y a encore beaucoup d’incertitudes à ce niveau», admet-il.

Chute des commandes

L’impossibilité de se projeter et planifier, inhérent à la crise sanitaire, handicape les fournisseurs des maisons horlogères, à l’image de nombreux pans de l’économie mondiale.

«Depuis le mois de mars, certains des sous-traitants ont perdu 20% à 80% de leurs commandes. Pour les commandes maintenues, certaines sociétés les ont réparties sur plusieurs mois pour leur permettre d’entretenir l’activité et de maintenir les emplois», relate Alexandre Catton, directeur du salon professionnel EPHJ des sous-traitants des secteurs de l’horlogerie et de la microtechnique.

Par ailleurs, la Chambre d’économie publique (CEP) du Jura Bernois, région qui compte un grand nombre de sous-traitants horlogers, s’attend à ce que les volumes d’affaires des entreprises de la région continuent de diminuer au troisième trimestre, mais de manière moins accentuée qu’au deuxième trimestre.

«Dans l’horlogerie, ce qui est très important ce sont les ventes aux clients finaux mais également la réalité propre à chaque marque», fait remarquer Patrick Linder, directeur de la CEP.

Certains s’en sortent

Quelques marques horlogères, et par ricochet leurs fournisseurs, arrivent en effet à tirer leur épingle du jeu, mais nombreuses sont celles qui subissent les conséquences de la pandémie de plein fouet. Sur les huit premiers mois, les exportations horlogères, un indicateur clé, ont subi une chute de 30,5% à 9,8 milliards de francs.

Le patron de la CEP soulève la crainte qui existe en particulier chez des fournisseurs travaillant pour des marques horlogères vendant des montres mécaniques du moyen de gamme, coûtant entre 1000 et 3000 francs, car les volumes de cette catégorie ont drastiquement chuté durant la crise. Cette dernière n’a fait qu’accélérer un phénomène qui existait déjà auparavant.

«Si les volumes ne sont plus garantis, il est évident que les sociétés vont devoir réduire leurs effectifs et il y a des compétences du système de production qui seront remises en question», avertit M. Linder, tout en mettant en exergue que les gens préfèrent mettre de l’argent de côté en ces temps d’incertitudes, plutôt que d’acheter une montre.

Suppression de milliers de postes?

«Nous pensons qu’il y aura au moins 5000 licenciements dans la sous-traitance horlogère», estime David Sokoloff, l’un des fondateurs de la jeune association Sous-traitance de l’industrie horlogère suisse (SIHS).

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Acrotec pour sa part ne songe pas à revoir à la baisse le nombre ses employés pour le moment. «Nous sommes une entreprise solide mais pas insubmersible. Si la crise dure trop longtemps, nous devrions aussi y songer», indique François Billig.

Quelques sous-traitants comme le neuchâtelois Gilbert Petit-Jean, ont déjà dû réduire leurs effectifs tandis que Dracogroup a annoncé la faillite de trois de ses cinq filiales, une réalité qui reflète la situation contrastée au sein de l’industrie.

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L’utilisation du chômage partiel permet aux entreprises de réduire momentanément leurs coûts et de maintenir les postes. «Il y a entre 26 000 et 28 000 personnes en réduction de l’horaire de travail au sein de l’industrie horlogère», relève François Matile, secrétaire général de la Convention patronale de l’industrie horlogère. Il s’agit de plus de 50% des effectifs de cette branche, qui compte quelque 59 000 emplois dont 51 000 sont conventionnés.

François Matile, qui s’attend également à des suppressions de postes, rappelle que lors de la crise financière de 2008-2009, 4000 emplois, soit 8% des effectifs totaux, ont été supprimés. Il y a eu 2000 licenciements et 2000 postes n’ont pas été remplacés. «Après la crise financière, les effectifs horlogers ont de nouveau enregistré une hausse pour retrouver leur niveau d’avant-crise en 2012», fait-il aussi remarquer.
 

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