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Les Neuchâteloises ont le droit de vote depuis 50 ans

Les Neuchâteloises ont le droit de vote et d'éligibilité depuis 50 ans tout rond cette année. Mais l'obtention du suffrage féminin, en 1959, n'a pas été facile. Récit d'un long combat politique entamé en 1905.

28 févr. 2009, 07:15

Cela fait 50 ans que les Neuchâteloises ont le droit de vote et d'éligibilité en matière cantonale et communale. C'est en effet en septembre 1959 que le suffrage féminin a été accepté à 54% - par les hommes. Les Chaux-de-Fonniers, avec 67% de oui, étaient d'ailleurs les plus ouverts d'esprit. Mais 50 ans, c'est un bail ou une paille? C'est en tout cas aussi le temps qu'il a fallu pour gagner un long combat, entamé en 1905. Dans un excellent mémoire de licence (*), Christian Jaccard en raconte les principaux épisodes.


Les premières suffragettes neuchâteloises

Les Neuchâteloises manifestent très tôt leur volonté d'obtenir davantage de droits: en 1905 naît à Neuchâtel une Union féministe -- un qualificatif très provocateur pour l'époque - et en 1908, à La Chaux-de-Fonds, une Association pour le suffrage féminin. A la tête de ces mouvements, des femmes dont le nom va rayonner également au sein des mouvements féministes suisses: Emma Porret, Louisa Thiébaud, sans oublier à La Chaux-de-Fonds Mme Jämes Courvoisier. Leurs premières victoires? Elles obtiennent le droit d'éligibilité dans les commissions scolaires ou dans les conseils de prud'hommes.


Le 29 juin 1919, c'est non à 69%

En 1919, le combat prend une autre envergure. Grâce notamment à l'appui du député socialiste Charles Schürch, de La Chaux-de-Fonds, un premier vote a lieu le 29 juin. Il vise immédiatement à accorder les droits politiques en matière cantonale. Du côté des partis, et alors que les socialistes prônent un oui immodéré, radicaux et libéraux sont divisés et laissent la liberté de vote. Mais le choc est rude: 69% de non, et même 80% dans les villages!


Le 9 novembre 1941, le refus atteint 75%

Un deuxième projet est élaboré dès 1938. C'est la situation politique mondiale qui motive la requête de l'Association neuchâteloise pour le suffrage féminin: «Les femmes consentent à tous les sacrifices qu'exige l'heure présente, elles demandent donc avec insistance le droit de se prononcer dans les questions qui les touchent directement» En 1941, seul le suffrage sur le plan communal est soumis en votation. Mais la guerre favorise les réflexes de repli: les partis libéral et radical s'opposent au projet, le PPN s'abstient et les socialistes se retrouvent seuls à mener la campagne. Score sans appel: 75% de non au soir du 9 novembre.


Le 14 mars 1948, c'est chou blanc à 67%

Troisième essai en 1948, à la suite d'une motion du socialiste Henri Bersot et de onze de ses collègues de parti. «La collaboration de la femme paraît indispensable à l'œuvre de reconstruction d'après-guerre», estime-t-il. Mais les esprits ne sont pas encore assez ouverts: étonnamment, alors que le Grand Conseil accepte la loi assez largement, le peuple la refuse toujours très nettement: 67% de non le 14 mars 1948.


Le 27 septembre 1959, le oui l'emporte à 54%

La quatrième fut la bonne. Faut-il dire la cinquième? Il faut attendre la votation fédérale de février 1959, refusée sur le plan suisse mais acceptée à Neuchâtel, pour que les politiques soient cette fois convaincus que les Neuchâtelois sont prêts à accepter le droit de vote et d'éligibilité des femmes sur le plan cantonal. Les opposants se font d'ailleurs plutôt rares et le 27 septembre 1959, le oui l'emporte enfin à 54%. Mais seules neuf des 62 communes se prononcent pour le oui. Parmi celles-ci, les villes, qui font pencher la balance. Neuchâtel est le deuxième canton suisse, après Vaud, à introduire le suffrage féminin.

Après cette victoire, «certains électeurs opposés à cette réforme se sentirent déshonorés et déchirèrent de rage leur carte civique, tandis que d'autres la renvoyèrent au Château», raconte Christian Jaccard. Le député Gérald Piaget alla jusqu'à démissionner... /FRK

(*) Christian Jaccard, «Le combat politique pour le droit de vote et d'éligibilité des femmes dans le canton de Neuchâtel», 1996, Institut d'histoire de l'Université de Neuchâtel

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