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Les musiciens de rue enchantent les Neuchâtelois... ou les irritent

Comme chaque été, de nombreux musiciens de rue ont investi les terrasses du canton, et surtout de Neuchâtel. Mais ces artistes ne font pas toujours le bonheur des commerçants, ni des clients. Où est la limite entre animation et mendicité? Enquête. «Les musiciens de rue, on ne les aime pas trop. Ils cassent les pieds de nos clients!» Depuis le début de l'été, Gabriel Bongiovanni, patron du bar le Saxo sur la place des Halles de Neuchâtel, voit passer des dizaines de «pseudo-musiciens» chaque jour. «Régulièrement, on reçoit la visite de Roumains qui hurlent, et qui ne savent même pas chanter. C'est de la mendicité déguisée! Lorsqu'il s'agit de vrais musiciens, c'est différent. Mais ils sont rares...»

18 juil. 2008, 12:00

Quelques mètres plus loin, Mélanie Fischer, employée de la Stub alsacienne, n'est pas plus tendre avec les artistes de rue. «Au début, c'était sympa, ça animait la place. Mais le problème, c'est que la plupart de ces musiciens viennent tous les jours ici, et jouent à chaque fois les mêmes morceaux. Pour nous qui travaillons, c'est pénible. Certains clients doivent tout de même apprécier la musique, car ils donnent une pièce. Par contre, les habitués en ont ras-le-bol.»

Certains commerçants apprécient pourtant cette animation estivale. «C'est plutôt sympa. En été, c'est comme ça sur la place des Halles, c'est animé! Si les clients veulent être tranquilles, il ne faut pas qu'ils viennent sur nos terrasses», témoigne Abdel Arhila, responsable du restaurant le Marché.

Installées sur la terrasse de la confiserie Schmid, rue de la Treille, Sophie et sa grand-maman Marianne Zimmermann écoutent deux musiciens polonais jouer du xylophone. «Quand c'est de la bonne musique comme ça, j'apprécie!», confie Marianne. «Mais certains musiciens jouent tellement fort, et tellement mal...»

La grand-maman ajoute que même lorsque les artistes sont mauvais, elle se sent «obligée de leur donner de l'argent quand ils passent entre les tables». Plus ferme, sa petite-fille indique qu'elle ne sort pas le porte-monnaie si ça ne lui a pas plu. «Je n'aime pas quand les musiciens passent entre les tables avec leur chapeau. C'est une forme de contrainte!»

Sylvie Mallard, chanteuse neuchâteloise habituée des terrasses du canton, reconnaît que «parfois, des clients peuvent se sentir contraints de donner de l'argent. Mais on n'oblige personne!» Cette amoureuse de chanson française précise qu'elle n'est pas une mendiante. «Nous ne sommes ni dans la dèche, ni des marginaux. D'ailleurs, si quelqu'un me donne 20 centimes, je les lui rends. Parce que je ne fais pas la manche.»

N'a-t-elle pas parfois l'impression de déranger la clientèle? «Des gens ne nous aiment pas. Parfois, ils le disent avec plus ou moins de mépris. Mais c'est une minorité. Car dans l'ensemble, je suis émerveillée de voir à quel point les gens nous apprécient.» Darius Rourou, artiste africano-neuchâtelois habitué des salles de concert, aime chanter dans la rue l'été. «C'est un travail amusant. J'apprécie les gens, le contact, les sourires, le soleil. Mais ceux qui ont besoin de sous seront déçus! En jouant dans la rue, on peut se payer des clopes, un café, ça s'arrête là.»

Piotr Schiller et Przemek Marzec, Polonais diplômés du conservatoire, doivent pourtant vivre de leur tournée en Europe durant l'été. «Nous sommes partis pour deux mois en Suisse, en Allemagne, en Italie et en France», explique Piotr devant son xylophone. Et s'ils sont venus à Neuchâtel, c'est parce qu'il est facile d'y jouer. «Il n'y a pas besoin d'autorisation. Alors qu'à Zurich par exemple, les musiciens de rue sont interdits.»

Mais depuis quelques années, leur souci principal, ce sont les «faux musiciens», les mendiants venus de Slovaquie et de Roumanie. «Leur nombre augmente. Du coup, les villes deviennent plus strictes avec les artistes de rue. Et le pire, c'est que parfois les communes leur délivrent une autorisation de jouer! Conséquence: il n'y a plus de place pour les musiciens ou les étudiants du conservatoire. Et il arrive même que les mendiants gagnent plus d'argent que nous.» / VGI

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