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«Les hommes parlent peu de leur santé»

En ce mois de Movember dédié à la sensibilisation des maladies masculines, gros plan sur l’urologie qui couvre un large domaine de la médecine.

25 nov. 2019, 05:30
Le Dr Sanjeev Vamadevan, urologue.

Movember n’est pas sans rappeler Octobre rose, le mois du cancer du sein. Contraction de «moustache» et «november», cette campagne annuelle de sensibilisation aux maladies masculines – physiques et mentales – a été lancée par deux potes australiens en 2003 (lire l’encadré).

Pour la première fois cette année, elle est relayée dans le canton: chaque vendredi après-midi de novembre, des consultations sont offertes, sur rendez-vous, à l’Hôpital de la Providence, à Neuchâtel, pour prévenir et comprendre ces maladies et notamment le cancer de la prostate.

Entretien avec le Dr Sanjeev Vamadevan, urologue, à propos d’une discipline médicale souvent méconnue.

VRAI ou FAUX?
L’urologie ne concerne…

… que l’appareil génital masculin ?
FAUX: Les testicules, le pénis, la prostate, les voies urinaires (les reins et la vessie) constituent le domaine de compétence des urologues. Par conséquent, on les consulte pour des calculs urinaires, des cancers urologiques (prostate, vessie, rein, testicule), l’incontinence urinaire, l’infertilité, l’andrologie et l’hypertrophie bénigne de la prostate (les troubles mictionnels masculins).
… que les hommes?
FAUX: les urologues traitent aussi les femmes pour des troubles mictionnels, les infections urinaires à répétition, les calculs et les tumeurs.

Qu’est-ce qui vous a incité à relayer Movember à Neuchâtel?

Les HUG, à Genève, où je travaillais auparavant, se sont ralliés à la campagne Movember en 2015, et l’année suivante, j’en suis devenu le responsable. Nous avons rencontré d’emblée un succès important, au point qu’il a fallu augmenter les plages de consultations pour faire face à la demande. Comme la campagne n’était pas encore relayée dans le canton de Neuchâtel où j’exerce à présent, j’ai proposé à l’Hôpital de la Providence de lancer des consultations de prévention gratuites en novembre, pour sensibiliser les Neuchâtelois à ces problématiques.

Movember vise la santé masculine au sens large. Pourquoi?

Les femmes ont tendance à échanger plus naturellement sur leurs problèmes de santé. Elles sont aussi généralement suivies par un gynécologue sur le long terme. Les hommes, en revanche, sont souvent plus discrets à propos de leurs soucis, ils n’en parlent pas volontiers.

Il n’y a pas non plus de programme de dépistage systématique pour des pathologies spécifiquement masculines, comme il en existe pour le cancer du sein ou du côlon. Les hommes sont donc un peu délaissés et beaucoup ne consultent que lorsqu’un problème est avéré et parfois, c’est déjà trop tard… Les femmes n’attendent en général pas aussi longtemps avant de prendre rendez-vous avec un médecin.

Quelles maladies en particulier sont ciblées par la campagne?

Le cancer et l’hypertrophie de la prostate, le cancer des testicules et les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires. Le cancer de la prostate est fréquent chez les hommes: plus de 6000 nouveaux cas par an en Suisse. C’est une maladie souvent silencieuse, car elle ne présente quasi pas de symptômes. Mais elle peut facilement être dépistée par un toucher rectal et/ou un test sanguin du PSA.

Quant à l’hypertrophie, elle résulte de l’augmentation de la taille de la prostate avec l’âge, et la miction peut s’en trouver entravée. Si les symptômes sont importants, nous pouvons instaurer un traitement médicamenteux. En cas d’évolution du problème, une opération peut être envisagée pour créer un «tunnel» afin de faciliter le passage de l’urine.

Par contre, le cancer des testicules (450 nouveaux cas par an en Suisse selon les chiffres de la Ligue suisse contre le cancer) survient essentiellement chez les jeunes adultes, aux alentours de 20 ans. Il ne génère pas de symptômes particuliers non plus: les patients le découvrent souvent fortuitement, en ressentant un nodule ou une induration (durcissement) au niveau du scrotum par exemple.

Que faire, en termes de prévention?

Pour les maladies cardio-vasculaires, le mieux est de s’adresser à son médecin de premier recours qui pourra pratiquer des check-up à partir de 35-40 ans. Effectuer des contrôles de routine plutôt que d’attendre d’avoir un problème. Dans le domaine de la prostate, un examen est conseillé dès 50 ans. Si une personne présente des antécédents familiaux, on préconise de commencer plus tôt (dès 45 ans). Il est important de détecter cette maladie précocement.

Les contrôles de routine peuvent être effectués par un généraliste qui référera le patient à un urologue en cas de complication. Mais il peut aussi y avoir de faux positifs. Il faut savoir que la prise en charge a évolué en vingt ans: autrefois, on avait tendance à surtraiter les cas de cancers de la prostate. Aujourd’hui par contre, si une tumeur n’est pas agressive, nous pouvons proposer une surveillance plutôt que d’opérer, si cette option convient au patient.

Un service d’urologie commun
L’urologie s’est développée à l’Hôpital de la Providence depuis plusieurs années. Deux spécialistes, les Drs Marco Piergiovanni et Sanjeev Vamadevan (installé en cabinet à Peseux, où il succède au Dr Michel Mégevand) y pratiquent des interventions ambulatoires et des actes chirurgicaux stationnaires. Pour favoriser les synergies avec l’Hôpital neuchâtelois (aujourd’hui RHNe), un service d’urologie commun aux deux établissements a été créé en mars 2017. «Nous visons la complémentarité avec l’hôpital cantonal», explique Alexandre Omont, directeur de l’hôpital de la Providence. «Nous avons ainsi investi dans des machines que les deux urologues du RHNe ont la possibilité d’utiliser.» Dans le même temps, les Drs Piergiovanni et Vamadevan opèrent également à l’Hôpital Pourtalès et participent à la garde cantonale d’urologie avec le PD Dr Daniel Nguyen et la Dre Michelle Grämiger, du RHNe.   
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