Il aurait pu être ce magistrat intègre et viscéralement honnête que Balzac décrit dans la Comédie humaine. Né deux siècles trop tard, Pierre Aubert n’est pas Jean-Jules Popinot. Mais le procureur général du canton de Neuchâtel honore Balzac à sa façon, en s’obligeant lui aussi à rendre une justice empreinte d’humanité et d’empathie.
«J’essaie d’exercer ce métier de garçon-boucher avec un doigté de couturière», résume abruptement le Neuchâtelois de souche, dans ce vocabulaire précis et précieux qui constitue aussi une partie de sa légende. «Je prends en charge les basses œuvres de la société. Je vois défiler ce à quoi ont conduit les passions destructrices de l’homme. Si je devais gérer ces situations avec brutalité, je participerais de facto à ce monde de violence. Mais avec plus de délicatesse, j’espère arriver parfois à remettre, dans ce contexte rude, une touche d’harmonie.»
Vivre en différé
Pierre Aubert était déjà suranné, comme...