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Les chants des gibbons décortiqués par l’Université de Neuchâtel

La doctorante Julie Andrieu, de l’Université de Neuchâtel, a mené une étude sur les chants des gibbons en Thaïlande. Du sens a pu être identifié dans ces vocalises, qui pourraient aider à comprendre l’origine du langage humain.

15 sept. 2020, 10:00
Les gibbons à mains blanches produisent des chants particulièrement longs et complexes.

Lorsqu’une panthère ou un python apparaît, les gibbons peuvent alerter leurs congénères. Mieux, leurs chants semblent différer. Ce qui fait dire à Julie Andrieu, doctorante de l’Université de Neuchâtel, que ces singes «pourraient donc avoir la capacité de coder leurs chants différemment en fonction du type de prédateur rencontré».

La doctorante vient de soutenir à Neuchâtel une thèse sur l’étude de ces singes, réalisée dans le parc national Khao Yai, en Thaïlande. Son travail s’inscrit «dans la quête des origines biologiques du langage qu’entreprend le Laboratoire de cognition comparée, en étudiant les vocalisations de différentes espèces de singes», explique un communiqué de l’Unine diffusé ce mardi.

Des duos et des chants prédateurs

En observant ces gibbons à mains blanches, Julie Andrieu a mis en évidence deux types de chants: des duos et des chants prédateurs. Les premiers, réalisés par des couples de gibbons, ont pour fonction la défense du territoire et du partenaire. Les seconds alertent d’un danger.

«La particularité de ces gibbons est de générer des chants très longs et assez complexes par rapport aux cris d’autres singes étudiés, comme les chimpanzés ou les bonobos», précise le communiqué. Ils peuvent aller «d’une dizaine de minutes jusqu’à une heure et demie», précise Julie Andrieu.

Laquelle a identifié des processus de contagion des chants lorsqu’un couple produit un duo. Ses voisins auront tendance à répondre, particulièrement lorsqu’ils sont spatialement proches. Par contre, deux groupes génétiquement apparentés auront tendance à laisser le premier chant se terminer avant de répondre.

L’origine du langage humain?

Pour les chants annonçant la présence de prédateur, la doctorante a pu identifier des vocalises différentes. Elle a également observé les réactions des singes lorsqu’ils entendent de tels chants. Des évidences de stress, tels qu’une inspection active du sol ou des défécations plus fréquentes, ont été mises en évidence, signe d’une compréhension des chants.

Pour l’Université et son Laboratoire de cognition comparée, cette étude pourrait être intéressante pour comprendre l’émergence du langage humain. Ces prérequis «ont probablement évolué à partir d’un ancêtre commun à l’homme et aux primates non humains». Les gibbons, en tant qu’espèce proche – ils sont, après les grands singes, nos plus proches cousins – sont dès lors très intéressants.

«Les biologistes s’intéressent donc aux systèmes de communication des différentes espèces de singes, afin d’identifier les mécanismes évolutifs qui expliquent l’émergence et la complexité du langage humain, tel que nous le connaissons», conclut le communiqué de l’Université de Neuchâtel.

Les couples de gibbons chantent en duo pour protéger leur territoire. Photo: SP – Université de Neuchâtel

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