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Les bistrotiers du terroir se font toujours plus rares

D'année en année, on constate que nos bistrots sont de plus en plus tenus par des ressortissants étrangers. Intrépides, ils se lancent plus facilement que les Suisses.

14 avr. 2011, 15:21

«Il n'y aura bientôt plus de Suisses pour tenir nos bistrots!», entend-on dire de parts et d'autres dans le canton. De tels propos ne véhiculent pas pour autant un sentiment xénophobe. Ils reflètent simplement une réalité helvétique, romande, et très neuchâteloise.

Depuis l'an passé, sur plus de 200 nouvelles enseignes, les deux tiers des tenanciers ne sont ni suisses, ni secundos. Ils sont entre autres turcs, thaï, français ou américains. Installés en Suisse depuis plusieurs années, ils se lancent aujourd'hui bien plus facilement que les gourmets du terroir. De façon hasardeuse ou pas, ils reprennent bars, snacks kebab ou restaurants, quitte à remettre illico l'affaire s'ils se cassent la figure. Reste qu'en amont d'une catégorie d'irresponsables, certains n'ont guère envie de faire feu de paille.

Dans les gènes?
«On n'a pas peur de bosser. On donne même tout dans le boulot! Et s'il faut repeindre la cuisine, par exemple, je mandate personne pour le faire, je m'y mets», assure Ali Keklik, un jeune Loclois de souche kurde, conscient que pour réussir dans la restauration, on ne compte ni les heures, ni les concessions. Aux côtés de sa sœur et de sa maman, le jeune homme exploite depuis six mois le Café du Passage à La Chaux-de-Fonds. A l'entendre, la détermination au travail s'inscrit dans le patrimoine génétique de quelques peuples orientaux. Comme stigmatisée.

Sachant les conditions de travail délétères qui perdurent dans leurs contrées, les ressortissants acceptent toutes sortes de tâches pour s'adapter en Occident. Et dans ce contexte, la solidarité familiale qui leur est propre joue un rôle capital. «Quand on travaille avec des membres de sa famille, on peut mieux développer des projets», témoigne Fidel Gonzales, patron de la sandwicherie Miski à Neuchâtel. Au four et au moulin dans son petit établissement, le Péruvien délègue entièrement le pôle logistique à son fils depuis le départ.

«Entre nous, on peut mieux communiquer. On peut même s'engueuler sans que ça porte à conséquences», rajoute Canan Keklik, sœur d'Ali. «Et l'argent reste tout compte fait entre nous».

Sans aides providentielles
Questionné au sujet de l'investissement, Ali Keklik dément les aides providentielles du gouvernement turc, vouées, soi-disant, à favoriser l'implantation de sa population à l'étranger. Des «ouï-dire», selon lui. En ce qui le concerne, il évoque les économies d'un papa «fourmi». Sur le plan financier, l'entraide «latino» peut se révéler dès lors essentielle. Car de nos jours, nos banques examinent toute demande de prêt de façon scrupuleuse. Outre la solvabilité et les qualifications du débiteur, les créanciers observent aussi divers aspects personnels. «Quand on est jeune, ce n'est même plus la peine de leur demander un prêt», confirme Nicolas Audebrand à Neuchâtel. Originaire de Poitiers, le jeune Français a joui par chance du prêt opportun d'un proche de sa famille. Sous l'enseigne de Restaurant-Galerie Les Toiles, il reprendra prochainement Le Bled, établissement laissé vacant par un tenancier marocain./SDN

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