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«Les Africains voient l'Europe comme un eldorado, il faut casser ce mythe»

Une soixantaine de Sénégalais sont installés dans le canton de Neuchâtel. Parmi eux, Zal Saliou Ndiaye, qui a quitté son pays en 1984 avec une «mission»: changer la situation sociale de sa famille restée en Afrique.

01 oct. 2009, 07:23

Dans un appartement de la rue des Parcs de Neuchâtel, une musique africaine retentit. Radio Futur Media, la radio de Youssou N'dour, emplit le salon. Un joyeux animateur débite des phrases en wolof. «J'écoute la radio sénégalaise en permanence. Et je lis la presse locale sur internet. Il faut bien qu'on s'informe sur ce qui se passe au pays!»

Zal Saliou Ndiaye, aujourd'hui animateur socioculturel, a quitté le Sénégal en 1984. «Je travaillais alors comme agent commercial. Il y a eu des licenciements. J'ai reçu une indemnité de départ qui m'a permis de m'acheter un billet d'avion pour la Suisse. J'ai prétexté des vacances, mais je savais que je n'allais pas revenir. Je suis parti avec une mission: changer la situation sociale de ma famille.»

Sa famille vit alors sans électricité, ni eau courante. «Elle était démunie. C'est la raison pour laquelle je suis venu en Suisse. J'ai eu la chance de trouver une épouse ici. Cela m'a permis de rester.»

Zal vit tout de même une année dans la clandestinité. «Ici, on peut être dans l'illégalité et ne pas se faire poursuivre. A moins d'être un dealer.»

Au départ, Zal envoie de l'argent «en vrac» à ses proches. «J'ai vite compris qu'il fallait que j'investisse sur des personnes. J'ai financé les études de mes neveux et nièces.»

Pendant vingt ans, Zal aide ses proches de cette manière. «Au départ, j'ai transféré toutes mes économies par mandats postaux. Il fallait passer par la France, qui se prenait une sacrée commission. Maintenant, avec Western Union, ça va plus vite et les frais sont moins élevés.»

Aujourd'hui, ses neveux et nièces «s'en sortent»: «Ils travaillent et aident à leur tour leur famille. Je suis donc tranquille. Je n'ai quasi plus besoin de leur envoyer de l'argent.»

Zal Saliou Ndiaye confie que cette «mission» n'a pas toujours été facile. «Les gens voient l'Europe comme un eldorado. Il faut casser ce mythe, il faut leur expliquer que la vie n'y est pas facile. Des milliers d'Africains sont dans la dèche. En Italie et en Espagne, j'ai vu des migrants dans des situations impossibles. L'orgueil les empêche de rentrer.»

A chaque fois que Zal retourne dans sa ville de Thiès, à l'est de Dakar, il tente d'ouvrir les yeux aux candidats à l'émigration. «Je les avertis: on peut réussir, mais aussi sombrer.»

Rama, la seconde épouse de Zal, découvre justement les difficultés rencontrées par bon nombre d'Africains en Europe. Elle est arrivée à Neuchâtel il y a quelques mois, à la suite du mariage. «J'étais professeure de sciences-physique au Sénégal. Mais ici, mes diplômes ne sont pas reconnus.» Pour cette jeune femme, l'immigration est clairement une «désillusion». /VGI

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